Kaede n’a pas un physique exceptionnel ni particulièrement remarquable. De taille normale – c’est-à-dire environ 1m70, il n’impressionne pas grand monde. Pas très musclé ni enveloppé, il a l’avantage de pouvoir manger autant qu’il veut sans pour autant grossir. Il fait malgré ça pas mal de sport et en particulier du foot, passion qu’il s’est découvert plus jeune, et de la course. On découvre néanmoins derrière cette carrure des plus banales, une bonne agilité et endurance.
Il possède un teint assez pâle mais pas blanc pour autant, contrastant avec ses yeux verts tirant sur le gris. Sa tignasse d’un châtain terne et sans reflets se caractérise par de nombreux épis et mèches rebelles, qu’il n’arrive pas à faire disparaitre malgré de nombreux efforts. Il affiche souvent un grand sourire, et est malgré ça peu charismatique.
Côté vestimentaire, rien de très original. Il fait son possible pour toujours être présentable, portant le plus souvent son uniforme, ayant cependant remplacé la chemise par un sweat, d’après lui plus confortable. Il ne quitte jamais ses baskets usées qu’il prétend trop aimer pour les jeter.

Du côté du caractère, Kaede est quelqu’un qui se démarque dans un premier temps par sa gentillesse et son côté légèrement niais. Attentionné, il n’hésitera pas à se mettre en bas de la liste des priorités,  aidant ses amis avant tout. Mais il sait également se montrer sérieux quand il le faut. Le jeune homme est facilement embarrassé et peut même se montrer timide par moment.  On le croirait facilement idiot alors qu’il présente une grande intelligence, pouvant facilement établir des stratégies élaborées. Kaede est aussi quelqu’un de plutôt ouvert, acceptant l’avis des autres et n’hésitant pas à repenser le sien. Une des seules qualités qu’il s’attribue est l’optimisme, prônant l’espoir et le fait de ne jamais abandonner.
Mais ce côté de lui-même fait qu’il ne supporte pas l’idée de la défaite. Ainsi dans les situations délicates,  il deviendra particulièrement immature et arrogant dans le seul but de gagner. Ce n’est pas vraiment une seconde personnalité, juste une autre facette de jeune homme.

Kaede est également quelqu’un de très autonome, du fait d’avoir longtemps vécu sans parents et sans beaucoup de ressources. Il s’occupe depuis des années de sa sœur, le rendant apte à s’occuper d’enfants.
Il aime la musique et les romans policiers, surtout trouver les coupables avant la fin de l’intrigue. Il tient à tout prix à honorer ses dettes, en particulier celle envers Scarlett, son amie d’enfance d’origine anglaise.

« Quand est-ce qu’ils vont revenir papa et maman ? »

Au fond, j’ai toujours su la réponse, j’ai juste tenté de feindre l’ignorance le plus longtemps possible, surement dans l’optique de me protéger. Je savais d’une façon ou d’une autre que la voiture tombée dans le ravin ne remonterait pas, laissant deux cadavres, ceux d’un homme et sa femme, un couple heureux possédant deux enfants. J’aurai pu devenir sombre et renfermé, mais j’ai décidé d’être heureux pour Komaru, de deux ans ma petite sœur. Elle aussi a décidé d’être forte plutôt que pleurnicharde. C’était comme une promesse entre nous deux sans vraiment en être une. Un serment silencieux. Peut-être est-ce une des raisons qui fait que j’accorde autant d’importance à honorer mes promesses et engagements. J’ai pourtant déjà été trahi de nombreuses fois, ce qui ne changera pas cette facette de ma personne.

Pendant un moment, un oncle, notre seul parent encore de ce monde à vrai dire, a vécu avec nous dans notre minuscule appartement à Hokkaido. Komaru comme moi sommes nés dans cette ville du nord, durant l’hiver à deux ans d’intervalle. Je l’aimais bien cet oncle, il tentait de remplacer notre famille perdue avec son maigre salaire de fonctionnaire. C’est dans cette période-là que j’ai commencé à jouer au foot. J’avais 8 ans mais pas l’argent pour rejoindre un club en ville. Jouer dans les rues avec d’autres gamins et Komaru me suffisait amplement pour le moment. On nous disait souvent qu’on était doués, même si tous les deux étions d’avis que notre niveau était encore bien faible.

Après il y a eu Scarlett, une anglaise qui est arrivée comme un boulet de canon dans ma vie. D’ailleurs boulet de canon la résumait plutôt bien. Déjà elle parlait mal japonais, un mélange avec de l’anglais, la rendant difficile à comprendre. A force de la cotoyer, on a fini par s’y habitué, que ce soit moi ou Komaru. Elles s’entendaient très bien toutes les deux d’ailleurs. Notre lien à moi et Scarlett était différent, le genre de lien qui ne s’érode pas à l’épreuve du temps. Elle parlait beaucoup de Londres, sa ville natale, s’en vantant presque, et surtout de la nourriture, qu’elle qualifiait d’exceptionnelle. Personnellement, je pense plutôt que son sens du gout avait un sérieux problème. Même si ce n’est plus le cas aujourd’hui, je crois que je l’ai aimé. On jouait ensemble au foot dans son jardin. Je n’ai jamais beaucoup vu sa mère, la plupart du temps absente. Je crois que son père était entraineur. En tout cas il nous a beaucoup aidés, et je n’oublierai jamais tous les efforts qu’il a fait pour qu’on puisse entrer dans un club avec Scarlett. Elle en attaque, moi en défense, même si nos positions initiales et où nous étions plus fort était l’inverse total. J’ai toujours été plus fort pour les tirs, de même qu’elle a toujours été meilleure pour défendre. L’anglaise avait décidé de cela sur un coup de tête, par le biais d’une promesse, par un après-midi ensoleillé dans son jardin, à l’ombre des arbres.

_En fait, toi Kaede, t’es plus fort en attaque et moi en défense, hein…
_Et alors ? Je peux même te dire que Komaru est excellente en milieu-
_Donc on va échanger ! Toi en défense, moi en attaque ! Comme ça, on deviendra super forts partout ! Ce sera comme une botte secrète ! Dans un match difficile, on reprend nos positions de base et paf on gagne tout parce qu’ils s’y attendront pas !
_J’ai du mal à comprendre ta logi-
_Et pas le droit de retourner en attaque pour toi pour le moment ok ? L’entraînement de ouf ! C’est une promesse ! On va devenir le meilleur duo du monde !

Sur le moment ça m’avait semblé totalement absurde. Puis j’avais fini par m’y habituer et continuer à jouer en défense même quand elle est repartie en Angleterre. Presque 8 ans que je ne suis pas retourné en attaque et la perspective ne semble pas plus alléchante que ça, même pour réaliser de nouveau cette technique qu’on a trouvé par hasard avec la brunette.
On s’amusait bien, inséparables comme si on s’était toujours connus. A mes 14 ans, mon oncle est partit à l’hôpital, sans nous dire pourquoi. Il s’affaiblissait, perdant l’usage de sa jambe droite. C’était, d’après les médecins, une maladie héréditaire et assez commune dans notre famille. Le père de Scarlett nous aidait encore et toujours à boucler les fins de mois, une dette que je ne pourrais jamais oublier.

Mon oncle n’a jamais voulu qu’on l’aide à payer les factures de l’hôpital et je n’ai jamais pu le contredire de quelque façon que ce soit.
Puis Scarlett et son père sont repartis en Angleterre, avec une promesse de retour en laquelle j’ai espoir. Komaru aussi a commencé à m’aider comme elle peut en prenant un poste d’assistante dans la boutique du père d’une de ses amies au collège tandis que je continuais à travailler à la librairie.

A ce jour, ma vie se compose de 16 années d’existence. Scarlett devrait revenir bientôt, enfin ses derniers messages le laissent présumer. On continu de se chamailler gentiment avec Komaru et d’aller voir notre oncle à l’hôpital. De temps en temps il revient à la maison et on prépare un nabe, le symbole des occasions spéciales chez nous. Je continus de jouer au foot et hésite à rejoindre une équipe. Je crois qu’en fait j’envie ceux qui sont dans de vraies équipes. J’ai appris ce que signifiait le mot défaite et à le détester. J’ai commencé à penser à l’amour même si aucune fille de la classe ne m’intéresse. Je reste optimiste et je commence à aimer les romans policiers de la bibliothèque. En résumé, je pense que la vie est belle.