Ha, Kazuki. Pauvre de toi. T'es fan de football mais tu peux pas y jouer, parce que t'es trop mal fait pour ça. Tu peux même pas marcher trop vite sans t'essouffler, t'as la tête qui tourne si tu ne fais des gestes trop brusques, tu dors debout si tu ne reposes pas assez.  Tout ça, c'est à cause de quelque chose de commun; d'assez répandu mais que les gens ignorent la plupart du temps: l'anémie. Depuis tout petit, tu peux faire ce que tu veux, ça finira toujours par te rattraper. T'as jamais compris pourquoi, apparemment, c'est à cause d'une maladie génétique que t'as refilé ton grand père paternel. Tu ne manges pas énormément à cause de cela, te rendant beaucoup trop maigre pour quelqu'un de ta taille, avec tes soixante-neuf kilos. T'as beau essayer de manger plus, t'en deviens malade et tu restes cloué au lit pour les jours qui suivent. Pauvre toi, hein? Tu as pris l'habitude, alors tu ne t'en plains presque plus. Les douleurs qui te viennent à la poitrine de temps à autre, tu ne prends même plus la peine d'en informer quelqu'un. Tais toi et supporte. C'est comme ça et pas autrement.

Ironiquement, tu es vraiment grand, avec ton mètre quatre-vingt, et tu dépasses la plupart des élèves de ta classe, même certains des membres de l'équipe. Mais ça, c'est parce que la puberté approche rapidement sa fin, normal puisque tu as quand même dix-huit ans! Ça ne se voit pas vraiment, avec ton visage enfantin, qui possède la plupart du temps un sourire. On se demande presque si ce n'est pas ta seule expression, avec la confusion. Mieux vaut un joli sourire positif qu'une bouille de dépressif à cause de ta santé pourrie, hein? C'est ce que tu te dis, surtout que tu ne trouves pas laid du tout, même si tu n'es pas non plus le mec le plus beau de la terre - tu sais bien qu'il y a toujours mieux ou pire que soi-même (sauf quand on en vient à la santé peut-être, ha) -. Encore fois, c'est grâce à la fin de la puberté, t'es plus plus aussi déprimé sur ta personne que tu l'étais au collège, surtout que t'avais le droit, de déprimer sur ton corps pourri, qui n'était presque pas boutonneux pourtant, contrairement à certains qui s'étaient donnés l'honneur de se faire surnommer la calculatrice (avec le "scientifique" en plus si y'en avait vraiment beaucoup).

Ta chevelure ébène jamais coiffée, on dirait que tu viens de te réveiller et c'est le cas, en vérité. Le matin, tu n'as pas que ça à foutre, de te coiffer, surtout que tu t'en fous légèrement, à vrai dire. Ça te procure un certains charme, certaines filles aiment ça, d'autre non, et ce n'est pas pour ça que tu ne les coiffes pas. Disons que tu essaies de te différencier face aux autres avec leur étrange crête ou leur cheveux relevés pour se donner un air tu-ne-sais-pas-quoi. Avec tes yeux de la même couleur et ta peau pâle, on pourrait penser que tu n'as pas dormi en fait, vu que tes yeux ont toujours l'air de regarder dans un certain vide, prouvant une demi-léthargie certaine. Et pourtant, tu ne manques pas de sommeil! Un sommeil correct, pour toi, c'est au moins dix bonnes heures de rêve! Avec ce que tu dépenses de bonne humeur, t'as bien de quoi te reposer le soir. En vérité, c'est juste ta faiblesse générale qui te fait ressembler à ça. T'as toujours l'air de planer dans le vide mais en fait c'est juste que ton manque de fer te rend étourdi, tu te perds souvent dans ton flot de pensées et tu oublies ce que tu faisais; même où tu es, de temps à autre. T'as l'habitude et tes amis aussi, donc dès qu'on te parle et tu commences à divaguer, la plupart du temps, ton partenaire s'arrête en attendant.

Niveau vêtements, t'es pas bien compliqué, la plupart du temps tu portes ton uniforme d'école puisque de toute façon quand t'es pas en cours où en train de supporter l'équipe, tu restes chez toi pour pas trop t'épuiser. Lorsque tu sors - avec ta famille par exemple - tu portes un pull vert qui te tiens bien chaud - après tout, tu vis à Hokkaido -, il te va un peu trop grand, et recouvre tes mains presque entièrement, ne laissant montrer que le bout de tes doigts glacial et pâles. Tu as beau essayer de te réchauffer mais tu sais que ça ne sert à rien; que c'est à cause - encore une fois - de ton anémie.  A cause de ça, t'aimes pas trop tenir la main à tes camarades où même toucher quelqu'un avec, lorsque tu le fais, on te dis toujours "hey, on dirait un cadavre vivant!", et t'aimes pas trop qu'on t'appelle comme ça... Par dessous ce pull se trouve une chemise à manche courte blanche qui n'est presque jamais boutonnée entièrement. Une bonne chose que t'enlèves presque jamais ton pull; puisque sinon on y verrait le petit buste faible et presque meurtri par le manque de nourriture. Le tout avec un pantalon à carreaux qui te donne un air d'étudiant. Tu ne portes pas tout le temps ça non plus; il t'arrives de prendre d'autre vêtements, mais lorsque tu sors - ce qui arrive une ou deux fois pas semaine - tu prends cet ensemble que tu affectionnes particulièrement.

★ - ;; Mental

Oh Kazuki, toi et ta bonne humeur. Lorsqu'on te voit, la première chose que l'on voit, c'est ta bonne humeur dégueulasse qui se fait sentir à dix kilomètres à la ronde. Un sourire sur ton visage, un air idiot, une marche extravagante et des rires à pertes de vue, c'est bien ce qui te caractérise. Tu insupportes des gens à cause de ça, ils te disent que tu ferais mieux de pleurer toutes les larmes de ton corps, à cause de ta condition et surtout des quelques élèves que tu évites - tu ne les détestes pas mais, tu les évites -. Tu es persuadé que la bonne humeur est contagieuse alors tu souris à tout. Aux passants sur le chemin, aux vieillards pensant que la jeunesse est foutue, à tes camarades, à tes professeurs, même à ceux que tu n'apprécies pas. Tu es persuadé que le bonheur est contagieux, alors tu refiles cette maladie à tout le monde, parce que tu ne veux pas que les gens se sentent mal, parce que tu ne veux pas qu'ils finissent par être la même crevure que toi.

Parce que t'es jaloux, t'es un connard et tu le sais. T'envies les gens en bonne santé, ceux qui ne se soucient pas de faire quelques conneries qui pourraient les mettre en danger. Parce que toi, si tu ne fais pas attention, tu pourrais très bien mourir. Le jour où tu rencontreras quelqu'un plus envieux et jaloux que toi, ha, ce sera un descendant du diable. Tu restes quelqu'un de gentil, de serviable, d'aimable, tu préfères ne pas montrer ce défaut, cet énorme défaut. Et comme tu n'es pas assez fort psychologiquement pour ça, quand t'es chez toi tout seul, tu pètes un plomb et t'exploses tout ce qu'il y a dans le foutoir qui te sers de chambre, quitte à t'épuiser – même si tu l'es tout le temps, eh –. Tu pleures, tu pleures, tu pleures. L'autre jour même, t'avais essayé de te tailler les veines – quand t'étais dans une très mauvaise passe – mais tu l'avais pas fait parce que, ben, t'es anémique. Mais bon, t'es pas un dépressif non plus, tout ça, c'est du passé. Au lycée, les gens sont sympas – à peu près – avec toi, t'as aucune raison d'attirer l'attention sur toi en disant que tu vas te crever. T'as beau être quelqu'un de faible – autant physiquement que mentalement – t'es pas non plus assez buté pour faire une tentative de suicide. Tu le regretterais toute ta vie – ouais parce que t'aurais jamais les couilles de le faire jusqu'au bout –. Puis ça te fait peur, quand même. T'es une sacré tapette, et pourtant, si t'étais pas aussi mal fait, tu te ferais bien peur en jouant à des survival-horror. Mais on t'a dit que t'étais cardiaque, que c'était pas bon pour toi. Alors tu te contentes de lire des histoires flippante. T'es assez accro au paranormal, tu sais pas pourquoi, tu trouves juste ça passionnant et vachement amusant parfois. T'as même voulu faire un rituel avec tes amis, un jour ! Sauf qu'ils t'ont tous posé un lapin, et t'ont dit que t'étais assez étrange... Ouais, t'es assez unique en ton genre.

T'es pas non plus très ordonné et tu le sais, mais tu te retrouves dans ton bordel alors que quand les choses sont bien rangés, ça t'énerves un peu. Déjà parce que la plupart du temps c'est pas toi qui range ta chambre, c'est ta mère qui le fait tellement elle est excédée par ton manque de propreté – bon après t'es pas comme les autres mecs complètement dégueulasses qui prennent des douches deux fois par mois – et du coup, tu sais pas où est-ce que tout ton bordel est passé... Les gens te font pas vraiment confiance quand il s'agit de ranger le local, il deviendrait vite un tas de merde avec des tas de cartes aux trésors menant à qui-sait-quoi. Personne saurait où elle est, sauf toi ! Enfin, encore faut-il que tu te souviennes que y'en a une, quoi. Parce que t'as pas une très bonne mémoire, t'as assez de mal à te souvenir de ce qu'il faut que tu fasses, du coup, ta chambre et remplie de post-it en tout genre, tel que « oublie pas ton médicament ! » ou « oublie pas de rendre le jeu ! ». Ton mur est pratiquement blanc à tâches jaunes tellement t'en as partout. Au moins, ça a le  mérite de faire sourire tes camarades quand ils viennent chez toi. Tu fais souvent le clown pour faire rire les gens. Les sourires, c'est un peu ton oxygène. Tu racontes souvent des blagues nulles juste pour essayer de faire rire tes camarades, même si la plupart du temps, ils désespèrent de te voir faire des « blagues » aussi... « y'a pas de mots ». T'es jaloux, t'es un connard, t'es peureux mais t'es quand même vachement sympa, les gens peuvent pas dire le contraire. Peut-être même un peu cliché, quand on te voit sous cet œil. Faut dire, des gens comme toi, y'en a plus beaucoup quand même, alors ça te rend assez triste. T'essaies de faire ce que les autres font pas par lâcheté ou même haine.

T'as pas eu une enfance qui sorte vraiment de l'ordinaire, on peut le dire. T'es le premier enfant de la famille Tanaka, et le plus malchanceux des quatre d'aujourd'hui, apparemment. Déjà à ta naissance, on a dit à tes parents que t'avais hérité d'une maladie génétique, un truc venant du côté de ton père. C'est un peu compliqué comme nom, t'as jamais réussi à le dire à l'oral, et pourtant, tu sais l'écrire pratiquement par cœur ; la drépanocytose. Ça fait pas grand chose, t'étais juste plus en proie à l'anémie, tes parents en avaient pas vraiment quand chose à faire, même si ta mère a eu un peu la haine face à ton père pendant quelques jours. Quelques années après ta naissance déjà, t'étais pâle, faible, t'étais pas vraiment endurant et tes mains et tes pieds étaient toujours froid, même s'il faisait quarante degrés. T'en avais pas vraiment grand chose à foutre, t'étais trop petit pour comprendre que c'était pas normal. Seulement, tes parents, qui n'étaient pas tout jeune quand ils t'ont eu, ils ont vite compris que ça allait pas et ils t'ont vite amené chez un docteur et évidemment, il se trouvait que t'étais anémique. Tu n'y compris pas grand chose au début, t'étais jeune, t'avais eu cinq ans y'a pas trop longtemps. En fait non, tu le vivais plutôt bien, puisqu'à cet âge là, t'étais pas encore scolarisé. Tu savais juste que t'avais pas le droit de courir et de faire trop d'effort mais ça, tu le savais déjà, tu supportais mal le sport bien avant. T'as redoublé une fois parce que t'étais pas assez souvent là à cause de nombreux problèmes de santés, mais tu t'en fichais un peu.

Non en fait, ça a vraiment commencé quand t'es rentré au collège.

T'avais treize ans, tu venais d'entrer dans la cours des grands, t'étais assez impressionné et les escaliers à monter chaque jours te faisaient un peu peur, surtout dans un grand bâtiment qu'était Hakuren, t'avais l'impression que tu te perdrais assez vite à cause de tes étourdissements fréquents. Presque aucun de tes amis de primaire étaient dans ta classe, tu stressais un peu, mais voilà tout, « normal » comme dirait tes parents. T'étais pas très résistant, t'étais le plus petit puisque tu venais d'arriver. Au début, ça partait d'une simple taquinerie. Des élèves plus âgés que toi te tapotaient le dos, ils se moquaient un peu de toi, ils te menaçaient légèrement. Tu ris avec eux, innocent comme tu es, tu pensas que c'était de nouveaux amis pour toi. Puis au bout de quelques semaines, ils te forcèrent à leur donner ton bentô. Tu ne mangeais pas beaucoup, alors tu leur donnas. Un jour, c'est parti en vrille, t'as jamais compris pourquoi, ils se sont mit à te frapper plus méchamment. Et ça faisait mal, tu souffrais énormément, ils étaient plus grand que toi, après tout, mais tu te taisais. Ça faisait partie de votre « jeu », selon toi. Un jour, tu ne faisais plus partie de groupe, t'étais la victime. Mais quand tu l'avais réalisé, c'était trop tard. Tes amis de primaires étaient partis pour aller voir d'autres personnes. T'avais cru que c'était tes amis, alors forcément, tu n'avais pas cherché plus loin. Ça faisait mal, bon sang ce que tu souffrais. Mais tu ne pouvais pas répliquer, tu ne pouvais pas le dire à tes parents, t'étais limite menacé de mort.

Tu commenças à t'en vouloir d'être anémique. Tu te dis que tu ne méritais pas tout ça, que t'étais pas méchant. T'étais trop innocent pour comprendre qu'ils en avaient après toi juste pour montrer qu'ils étaient forts. Mais ils ne l'étaient pas. Bientôt, ce fut de l'humiliation publique, ils te frappaient devant des filles, leurs amis, pendant que toi t'étais obligé de te taire et de subir. Tais toi et supporte. T'étais une bête de cirque, le toutou du collège. T'étais limite payé à fermer ta gueule. Payé en « réputation », qu'ils te disaient. Tu savais pas quoi faire, t'étais jeune à cet âge là, t'étais encore con. Tu voulais pas le dire à tes parents, à chaque fois que t'essayais, tu te sentais mal, t'avais la boule au ventre. Alors tu mentais, tu disais que t'avais oublié de prendre tes médocs et on te croyait, parce que t'es tête en l'air. Tu continuas comme ça jusqu'à la fin du collège. Ce fut une très mauvaise période pour toi, tu commenças à déprimer, à perdre la confiance en toi que t'avais. Tu te mis à détester ton corps, parce que t'avais pas la force de répliquer. Tu voulus même y mettre fin, d'une manière plus ou moins significative, en t'ouvrant les poignets. Tu pleuras, pleuras, pleuras. Mais tu disais rien, tu disais que c'était un jeu.

Mais pour te réconforter, t'avais le football.

C'était populaire ces temps-ci, il y avait cette fameuse équipe qui venait de Tokyo, l'Inazuma Eleven. Tu en étais un mordu, tu les adorais vraiment, tout comme ce footeux plus jeune que toi de deux ans ; Fubuki Shiro. Tu les adorais, les voir faire des hissatsu aussi classe te faisait baver. Si tu n'étais pas aussi mal fait, tu aurais vraiment rejoint l'équipe. Tu te contentas de les observer de loin, tu n'eus même pas le courage d'y aller en tant que manager. Mais ça te réconfortait, tu les voyais s'entrechoquer, tu voyais le courage qu'avait le capitaine de Raimon, tu l'admirais énormément. C'était un petit peu ce qui te donnait du courage. C'était ridicule, mais quand t'es gamin, tu t'accroches à ce que tu peux pour tenir. Et le foot, c'est limite si ça t'avais pas sauvé la vie. Ça t'avais retenu de pas te suicider, t'avais espoir. Tu tenais le coup pour ça, pour voir qui gagnerait la coupe nationale et tout ça. Tu te sentais revivre à chaque match. Tu passas le collège à alterner entre bête de foire, anémique et mordu de football.

Tu ne sus pas trop comment mais un jour, vers la fin de ta dernière année de collège, quelqu'un eu le courage de balancer le groupe de personnes qui te persécutaient. Tu ne sus pas qui c'est, mais tu en fut tellement, tellement heureux que tu explosas en larmes. Tes bourreaux disparurent de ton cercle de connaissances, probablement qu'ils ont été renvoyés. À partir de ce moment là, tu te sentis revivre complètement. Tu te détestais toujours, tu vivais dans une peur légère, t'étais traumatisé et c'est normal. En fait, même aujourd'hui, t'es toujours dans un certain stress post-traumatique, mais ça se voit pas, avec ta bonne humeur qui empiète sur presque tous tes autres sentiments. Tu entras au lycée, et tes bourreaux t'ayant mis de côté désormais, tu pus faire tout ce que tu voulais librement. La première chose que tu fis fut de t'inscrire au club de football du lycée ; en tant que manager, évidemment.

T'as pas eu une enfance qui sorte vraiment de l'ordinaire, ouais.