Driiiiiiiiiing.
Pressés de pouvoir enfin rentrer chez eux, tous les élèves commencèrent à ranger leurs affaires, créant un brouhaha incessant. Plus aucun ne prêtait attention aux paroles du professeur de mathématiques qui tentait désespérément de terminer ce qu'il avait à dire. En vain. En quelques secondes, la plupart des élèves était déjà sortie de la classe. Le professeur ne put retenir un profond soupir. Il ne les comprendrait jamais. Comment la trigonométrie pouvait les intéresser aussi peu ? C'était si passionnant ! Il en venait parfois à se demander pourquoi il faisait ce métier. Une poignée d'élève seulement semblait intéresser parce qu'il disait. Chassant ses pensées, il commença lui aussi à ranger ses affaires. Entendant un léger bruit, il releva la tête. C'était Akira. Le seul élève encore présent. Avec nonchalance, il mettait son cahier et son agenda dans son sac. Lui, ne semblait pas vraiment se hâter. Quel étrange élève. Il était loin d'être désagréable et était même plutôt un bon élève mais le professeur n'avait jamais réussi à le cerner. Il dégageait une telle confiance en lui mais montrait tellement peu ce qu'il ressentait que cela pouvait mettre mal à l'aise. Il ne savait même pas s'il aimait les mathématiques. Les pas du fameux jeune homme le tirèrent de sa réflexion.

- Au revoir Monsieur.

Toujours et encore ce sourire. Mêlant assurance et malice. Ce garçon était vraiment une énigme pour son professeur qui lui répondit malgré tout :

- Oui, au revoir Akira. A demain.

Le garçon sortit et marcha silencieusement dans les couloirs, le sac sur les épaules. La journée était passée plus rapidement que prévue. Tant mieux. Tous les cours avaient été étonnement intéressants aujourd'hui, car c'était loin d'être toujours le cas. La plupart des matières l'intéressait mais quelques-uns de ses professeurs avaient le don pour aspirer toute votre énergie et vous amenez à penser que chaque seconde durait une heure. Ce qui n'avait pas été le cas aujourd'hui. Si bien que Akira était motivé pour se balader un peu avant de rentrer chez lui. Ou pour s'entraîner au football. Il n'avait pas encore vraiment décidé.

En descendant l'escalier, car sa classe était à l'étage, il vit deux jeunes filles discutant joyeusement ensemble au pied des marches. Il attira l'attention de l'une d'elles. Voyant qu'elle le regardait, Akira lui adressa un sourire enjôleur. La jolie demoiselle rougit et détourna le regard. Son amie, surprise, leva les yeux, avant d'apercevoir Akira. Ce dernier lui fit un clin d’œil. Elle eut la même réaction que son amie. C''était presque trop facile. Et sans aucun autre regard vers elles, il s'éloigna de l'escalier, marchant dans les couloirs. La sortie du lycée n'était plus très loin. Il hésitait toujours entre aller jouer au football ou profiter de ce temps pour se promener dans les rues de Tokyo, peut-être y verrait-il quelque chose d'intéressant. Il commençait à prendre ses repères dans la ville, il ne s'y perdrait certainement pas. D'un autre côté, un peu d'entraînement ne lui ferait pas de mal. Mais il risquait de vite se rendre compte que les choses n'allaient pas se passer comme il l'avait prévu.

En effet, quelques secondes plus tard, Akira entendit un bruit derrière lui. Il s'immobilisa. Comme si quelqu'un était derrière lui. Tout près. Il sentait sa présence. Alors, tranquillement, il se retourna. Et c'est avec étonnement qu'il découvrit l'identité de la personne qui se trouvait en face de lui. Qu'est-ce qu'elle lui voulait ? Il allait certainement avoir rapidement la réponse.

- Remon ? Quelle surprise ! s'exclama le jeune homme avec un sourire narquois. Que me vaut l'immense plaisir de ta présence ici ?

En voyant l'expression contrariée de la jeune fille aux cheveux blonds, Akira comprit tout de suite ce qui l'attendait. Les sourcils froncés, le regard noir et les bras croisés, pas besoin d'être un génie pour comprendre que Remon était tout sauf là pour lui passer un petit bonjour amical. Elle avait des comptes à régler avec son coéquipier. En réalité, Akira n'était pas si surpris que cela. Il avait toujours su que ce jour arriverait, et elle s'était même montrée plus « patiente » que prévu. Il faut dire qu'il l'avait bien cherché. Ce qui était en train de se passer, il en était l'unique responsable. Chacun récolte ce qu'il sème, dit-on. Ce proverbe était certainement le mieux pour décrire la situation. Pourtant, son attitude était toujours là même. Le regard insondable mais le sourire sarcastique, il n'avait rien perdu de son assurance. Une chose était sûre, il ne semblait pas rongé par les regrets.

Remon commença à parler. Les entraînements de football. C'était donc bien ça le problème. Rien d'étonnant. Mais quelle idée ! Arriver dans l'équipe et tester ses coéquipiers plutôt que de leur prouver qu'il était digne de confiance. Et décider de ne faire aucune passe à l'un de ses coéquipiers, Remon en l’occurrence, ce n'était pas la meilleure option pour s'intégrer. Il ignorait si les autres joueurs de l'équipe l'avaient remarqué, mais elle, elle avait vite compris son petit manège. C'était tout lui ça. Qui pourrait comprendre un jour sa manière de fonctionner ? Il faut dire aussi qu'il ne se foulait pas la cheville pour se faire comprendre des autres. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, Akira ne cherchait pas à se faire détester de ses coéquipiers. Le football comptait pour lui. Chaque jour un peu plus. Désormais peut-être autant qu'à Kensuke, qui jouait au football depuis si longtemps contrairement à lui. Il espérait s'intégrer et se sentir aussi bien dans l'équipe d'Inazuma, et peut-être encore mieux, qu'à Hakuren. Pour faire confiance à cette nouvelle équipe, pour pouvoir jouer correctement avec eux il devait les cerner. Il aurait tout le temps ensuite de leur montrer qu'ils pouvaient lui faire confiance, pour le moment c'était lui qui cherchait à comprendre comment ils fonctionnaient.

Mais quand Remon eut fini de parler, il semblait toujours si malicieux et sûr de lui. Il paraissait clair qu'il n'allait pas s'excuser si facilement. A croire que cela l'amusait de compliquer et de faire durer les choses. Après un bref silence, alors qu'il allait lui aussi parler, il vit les deux jeunes filles, à qui il avait fait du charme tout à l'heure, passer à côté d'eux dans le couloir afin de quitter le lycée. L'une d'elle les regarda avec suspicion, se demandant certainement ce qu'ils faisaient là ensemble. Mais elle ne fit aucune remarque et se dirigea vers la sortie avec son amie. Akira retint un sourire. Puis il se demanda s'il restait encore beaucoup de monde dans les couloirs du lycée. Probablement pas.

Enfin, plongeant son regard dans celui de Remon, il lui répondit avec un sourire enjôleur :

- Non, cela ne me pose aucun problème d'en parler. Tu sais bien que c'est toujours un plaisir de discuter avec toi !

S'il continuait ainsi, les choses ne s'arrangeraient pas de si tôt ! Pourquoi fallait-il toujours qu'il se montre si provocant ? Akira continuait de regarder la jeune fille en face de lui, observant ses réactions. Évidemment, il fit le choix de nier les reproches sa coéquipière. Certainement le pire, mais cela l'amusait de voir Remon si susceptible et contrariée.

- Un jeu d'équipe ? Vraiment ? C'est gentil d'être venu me prévenir, ajouta ironiquement Akira. Mais sache que je ne vois pas ce que tu me reproches. Es-tu paranoïaque et égocentrique au point d'imaginer que je tente de te mettre à l'écart lors des entraînements ?

La discussion entre les deux lycées mais aussi membres de la même équipe semblait loin d'être terminée. L'un des deux semblait toujours s'amuser de la situation malgré la colère plus que visible de sa camarade. Rien que ses gestes parlaient parlaient pour elle. Elle continuait de fixer le jeune homme, apparemment nullement impressionnée. Et son regard était certainement ce qui trahissait le plus sa colère.

Akira quant à lui, paraissait toujours aussi tranquille. Un instant il songea à poser son sac qui pesait sur ses épaules mais finalement il n'en fit rien. Immobile et droit, il écoutait silencieusement la réponse de Remon. Ses yeux ne trahissait pas ses pensées, impossible donc de savoir si les paroles de la jolie blonde le faisaient réfléchir ou s'il s'en moquait royalement. En réalité, il était en train de se demander s'il ferait mieux de reconnaître ses tords ou s'il pouvait la titiller encore un peu. C'était si tentant... Et Akira n'avait jamais été du genre à résister fermement à la tentation, c'était bien plus amusant d'y céder. Ainsi il ne se fit pas prier pour en rajouter.

- Ce plaisir n'est pas partagé ? Ô, quel poignard planté dans mon cœur ! s'exclama Akira, plus ironique que jamais.

Avec ce genre de phrases, pas certain que Remon retiendrait sa colère encore longtemps. Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire en songeant qu'elle devait certainement se demander pourquoi il n'était pas resté chez lui à Hokkaïdo plutôt que de venir ici pour l'agacer à ce point. A cause de son fort caractère, c'était bien plus divertissant de l'embêter elle que quelqu'un d'autre. Insolent et désinvolte, le jeune homme répliqua finalement, visiblement peu enclin à faciliter les choses :

- Pour en revenir à ton "problème", tu te fais des idées. C'est aussi simple que ça, très chère. Peut-être que je te passe peu le ballon mais après-tout, est-ce de ma faute si tu es toujours mal placée ?

Akira continuait de la regarder, avec le même sourire énigmatique. N'allait-il pas trop loin ? Cela ne semblait pas le préoccuper pour le moment. Mais brusquement, avant qu'elle n'ait pu lui répondre, il se retourna et se mit à marcher en direction de la sortie. Il ne savait pas quand le lycée fermait réellement mais il n'avait pas l'intention de camper dans les couloirs. Si Remon voulait continuer cette discussion, ce qui était probable vu ce qu'il venait de lui dire, elle n'aurait pas d'autre choix que de le suivre. À peine une minute plus tard, il était sorti du bâtiment scolaire, près de l'entrée. Le soleil rayonnait et la température, bien qu'un peu fraîche, était agréable. Il prit une respiration. Qu'est-ce qu'il aimait sentir l'air frais de la nature ! Un bref sourire apparu sur son visage, mais disparut presque aussi vite qu'il était arrivé. Enfin, il tourna la tête afin de voir si sa coéquipière était encore là.