Ça aurait sans doute été plus facile si il y avait eu moyen qu'elle m'avertisse de sa présence. Encore aurait-il fallu pour ça que j'eus eu, à l'âge que l'on a lors qu'on entre à l'école élémentaire, un téléphone portable et depuis gardé le numéro. Seulement voilà, les circonstances – comme l'exigeait la logique – avaient décidé que ce ne fut pas le cas et me laissèrent donc la surprise de ce cadeau pour le quel je leurs serais reconnaissant. Au moins par nostalgie.

C'était un jour comme tout les autres, au ciel un peu gris et aux visages encore cernés du réveil qui sort les lycéens de leurs lits bien chaud tout les jours de la semaine pour aller à l'école, alors qu'il aurait été tellement plus agréable de se partager une boisson bien chaude, au porte de cette saison de fête ... Mais, entre nous, avec les congés qui arriveraient prochainement, nous avions moins de mal à serrer les dents. A l'heure qu'il était, nous avions d'ailleurs déjà eu à endurer notre quota d'heures de cours pour la journée. Pour ma part, par contre, je ne m'étais pas vraiment précipité pour quitter le bâtiment.
Je regardais avec des yeux ronds une jeune fille de mon âge dont les traits me rappelaient vivement cette amie que j'avais eu dans le passé et par plusieurs reprise oublié - C'est qu'on ne peut pas tout les jours penser à son enfance, après tout ! - Il m'avait, cependant, déjà fallu la croiser à plusieurs reprises, même si ça ne fut que de loin, peut être deux ou trois, pour m'assurer de la raison qui lui donnait un air si familier à mes yeux.

« Yume ? » L'abordais-je finalement, interrogateur.

Elle, là, au le lycée Inazuma ? C'était assez invraisemblable. Au milieu de ce couloir bondé de l'après-cours, j'avais suivis ses pas jusqu'à arriver à sa hauteur. Elle n'avait pas l'air plus occupée que moi, je me devais d'en profiter si je me décidais à aller vers elle ! Je m'étais dirigé vers elle avec une discrétion qui aurait pu la surprendre, bien que cela n'était pas mon but. Et voilà que je m'étais fiché là, juste devant la demoiselle, ne sachant quoi faire de mes ballants. Puis, alors que j'avais seulement ouvert la bouche, je me suis mis à me demander ; Me reconnaîtrait-elle ? Mentalement, je fis l'inventaire de tout ce qui avait changé chez moi : Sans doute, mes traits affinés par l'âge et la longueur impressionnante qu'avait pris mes cheveux – toujours aussi bleuté – atténuée par la devenue éternelle queue-de-cheval qui les reliaient. De plus, ce que je portais - à savoir ce que tout élève masculins du lycée Inazuma portait également l'hivers - ne devais pas bien non plus correspondre à ce que je portais autrefois. Dans le doute, je me précisa donc.

« Désolé de t’interpeller comme ça. » Hésitais-je d'abord. « C'est moi, Kazemaru Ichirouta. »

Elle non plus, après tout, elle n'était plus exactement pareil, quoi de plus normal ? Pourtant, elle avait l'air d'avoir réagit à l'appel de son prénom ! Je ne pouvais qu'avoir visé juste sur son identité. A-bas les échos paranoïaques qui, depuis le fond de mon crâne, tentaient de me convaincre que je me faisais des idées.

« ... On était voisins, il y a longtemps. »

Je ravalais difficilement ma gêne, même si je ne me considérais pas réellement comme étant quelqu'un de timide. C'est que, d'une part, j'avais l'impression que ce que je débitais ne sonnait pas très adroitement et, d'une autre, je ne m'attendais certainement pas à une réaction débordante de joie de sa part, du genre « Mais biensûre que je me souviens de toi, Ichirouta ! Je suis super contente de te revoir, soyons amis de nouveau ! » , après tout, c'était loin, tout ça. Mais, avec tout les évènements plus au moins récent, peut être avait elle déjà pu associer mon visage actuel à mon nom et quelques souvenirs, si elle l'avait croisé sur son téléviseur. Ou quelque chose comme ça.

Quoi qu'il en soit, je n'étais certainement pas le seul à me dire que, dans ces cas là, il est toujours un peu délicat de savoir comment aborder la discutions, question de politesse, entre autre. Avant de m'emballer dans de trop joyeuses retrouvailles, je préféra lui laisser la parole, au moins pour ne pas avoir l'air d'un abrutit si j'avais échappé à ses souvenirs lointains. Quoi que, si la naissance d'un sourire nerveux ne me trahissait pas, il aurait encore eu moyen que je me rattrape en feignant plus d'assurance. Je ne savais plus vraiment prédire ses réactions - L'avais-je au moins un jour su ? Je me sur estime, voyons, les enfants n'ont pas besoin de prédire quoi que ce soit ! - mais, au moins à première vue, le temps ne semblait pas l'avoir affublé d'un air hautain malheureusement commun à une belle poignée de fille de notre âge. C'était déjà plutôt encourageant.