La cuisine et moi, on avait jamais vraiment été les meilleurs amis du monde. Quelques activités exceptionnelles m'avaient permis de la rencontrer durant mon enfance et ça c'était arrêté là, après que j’eus déversé dans l'un ou l'autre élan de maladresse, divers aliments sur mes vêtements et le sol. Et les cheveux de certains moqueurs de mon âge, mais soit. J'avais définitivement rompu avec cette activité en m'intégrant dans ma première véritable famille d'accueil, et je veux dire par la celle qui me garderait le plus longtemps et dans la quelle j'étais si bien, cette même où je n'avais aucun droit d'approcher la cuisine.
C'était mieux comme ça.
La faim, pourtant, tentaient les manifestations de mon estomac qui, las de manger ces surgelés aux goûts redondants, me suppliait de diversifier mon alimentation même si il fallu que ce soit le plus simplement du monde. Difficile ? Je ne l'étais pas, disons simplement que depuis mon départ du Sun Garden, j'étais habitué à mieux. De nouveau, comme il était plein week-end et que la maison était sinistrement vide - chose que je n'aurais jamais avoué détester, et pourtant ... - je n'eus pas de mal à me convaincre d'arpenter les rues de la ville à la recherche d'un lieu de restauration où je n'aurais simplement pas à faire plus que de porter les baguettes à la bouche. Bénis soient ces gens qui cuisinent avec tant de professionnalisme pour les paresseux comme moi et toute cette majorité japonaise qui n'a jamais le temps !
En bref, un bon petit paquet de minutes après m'être à moi-même posé cette suggestion et avoir fourré dans ma poche l'argent qui m'était réservé pour ce genre d'occasion, je m'étais retrouvé dans un petit restaurant et j'y mangeait tranquillement le plat le plus original et le plus exotique du monde, à savoir ... Des nouilles. Et bien quoi ? Je n'ai plus le droit d'être sarcastique ? J'avais dis tout juste : On ne pourrait au moins pas me traiter de difficile ! Tout ce qui comptait, c'est qu'elles aient le goût de véritable nourriture.
L'établissement était assez peuplé mais j'avais encore réussis à me trouver une place un peu reculée, c'était tout bonnement parfait. Je dégustais avec un air soulagé, m'inventant un mur qui m'épargnerait les échos de toute les conversations emplissant cet endroit déjà bien lourd d'une chaleur qui se voulait réconfortante en cette saison hivernal qui approchait.
Je me demandais comment ça pouvait être, Hokkaido, en plein hivers, quand la neige battrais les vitres des maisons, lorsqu'une démarche lourde s'avança dans ma direction.
« Tiens, ce ne serait pas Tamashi par hasard ? » Fit une voix qu'il me semblait déjà avoir entendu quelque part.
Brisé, le mur invisible, comme du carton plume. Je redressa le menton, sans autre expression que des yeux a demis-interrogateur. Un petit hochement de tête parla à ma place, je croyais reconnaître ce garçon, plus âgé, qui m'avait adressé la parole avec assurance. Visiblement habitué à mon silence, il continua ;
« Qu'est-ce-que tu fais à Hokkaido ? »
« ... »
Ah, oui, biensûre, ça me revenait ! Monsieur le délégué en chef, Kyota – ou quelque chose du genre – avions été dans le même collège de Fukuoka durant très peu de temps : encore une conséquence des déménagements éclaires auxquels je me suis habitué depuis que je vie avec les Tamashi. Bref, cette fouine sociable s'était un peu trop bien renseigné sur moi à mon goût. « C'est normal de s'intéresser aux autres élèves, particulièrement lorsqu'ils arrivent au cours de l'année ! » S'était-il justifié. Bah, tu parles d'une raison !
« Ah, c'est vrai que tu pourrais me retourner la question ! » Reprit-il, puisque j'étais, dans ma réflexion, resté silencieux. « C'est ma tante qui tiens ce restaurant ! J'étais venu lui rendre visite et j'y reste pour tout le week-end. »
« Kyota ? » Je n'avais pas cillé et mon regard qui s'était perdu derrière lui donnait sans doute l'impression injustifiée que je le fixais de manière hautaine.
« Kiyotaka. » Me rectifia-t-il.
Évidement. A force de changer de lieux et d'entourage, je n'avais pas développé une étonnante mémoire des prénoms. Pierre qui roule n'amasse pas mousse, qu'on dit. Mais en vue du fait que Kiyotaka s'était installé près de moi – et peut-être pour manger lui-aussi ? - il sembla qu'il n'avait pas été vexé. Je hocha la tête de façon à peine visible à l’œil nu.
« Kiyotaka-San. » Je repris, toujours d'un calme à faire pâlir une statue, mais peut-être trop courtois pour ma nature. « Je m'en fou de savoir que vous passiez le week-end chez votre tante. »
« Ah. » Soupire-t-il. « Au moins, ta langue s'est déliée. Alors, tu comptes au moins me dire ce que tu fais à Hokkaido ? »
« J'habite ici. »
« Alors, c'est pour Hokkaido que tu as quitté Fukuoka ? C'est étrange, je pensais que tu devais partir dans une ville toute autre. »
« C'est ce que j'ai fais. Mais maintenant, je suis à Hokkaido.»
« Mais, combien de fois tu ... ? » En vue de mes sourcils qui se fronçaient tout seul, il s'est coupé dans son élan. Ce ne fut pourtant que pour mieux lancer : « Toi qui aime le football, je suppose que tu es à Hakuren, comme ce n'est pas loin d'ici. On dit que la popularité de leur équipe à fait un sacré bon depuis la victoire d'Inazuma Japan ? Tu sais que Fubuki Shirou lui-même vient de là ? »
Nia, nia, nia, Fubuki Shirou est passé par Hakuren ... Comme si je ne le savais pas ! Ce mec est carrément une fierté régional ! Difficile de passer à côté de son parcoure, surtout lorsqu'on a suivit tout les matchs de l'équipe Japonaise, j’irais même jusqu'à dire que c'était bien l'une des seules choses que j'savais sur l'équipe d'Hakuren avant de tenter de l'intégrer. Et depuis quand il s'intéressait tant que cela au football, Kiyotaka ? C'était un foutu délégué passionné par l'ordre et la discipline, pas un sportif.
Je n'ai pas pris la peine de répondre, j'ai engloutit ce qu'il me restait de nouilles et je me suis levé avec un air de dédain masquant mon malaise quant au fait d'avoir de la ( ou sa ) compagnie. J'allais m'en tirer en lançant un signe de la main pour saluer ma connaissance, mais cette dernière avait finit par s'irriter :
« Un peu de politesse ne te tuerais pas. »
Il ne pouvait pas juste se mêler de ses affaires ? M'éloignant déjà, je me rendis soudainement compte que je l'argent que j'avais fourré dans ma poche le matin même y était toujours. Je serra quelque peu la mâchoire en me retournant et me hâta de payer le repas. Visiblement, cette issue ne lui plaisait pas : il m'a suivit, d'abord sans que j'y fasse trop attention, après quoi, arrivé en dehors du bâtiment, il m'a choppé par le bras. Ni une, ni deux, je me suis retourné.
BOUM !
« PUTAIN ! »
Comme quoi, le délégué savait jurer. Plié en deux, il se tenait les côtes. Bon, j'y étais peut-être allé un peu fort en lui enfonçant mes grosses bottes en plein dedans, mais quelle idée de venir me surprendre de cette manière ! Il l'avait bien cherché. D'ailleurs, je ne pouvais m'empêcher de me féliciter intérieurement, au nom de cette souplesse que je ne me connaissais que mal. Mais comme je n'avais absolument pas envie d'avoir de problème suite à se quasi réflexe, j'n'ai pas eu d'autre choix que de me barrer le plus vite et discrètement possible. J'entends ces « T'as vraiment un problème, cinglé ! » s'éloigner au fur et à mesures de mes pas.
Et malgré tout ...
