À l’aide ! C’est par où la route ? [ PV : Fumika Sakanoe ]

Une sortie jusqu’à Tokyo pour voir le Spectacle du Nouvel An ? Génial ! Les Dirigeants du Foyer ont eu une merveilleuse idée ! Le plus beau cadeau qu’ils ont pu nous offrir depuis que je suis arrivé chez eux ! Nous restons une semaine là-bas et nous rentrons le lendemain du Spectacle. Comme ça nous pouvons visiter la Ville tout le temps avant. Nous sommes logés dans un grand Bâtiment car, il semblerait que les Dirigeants des Foyers d’Hokkaido et de Tokyo ne soient pas en grande entente amicale. Bref.

Ce matin, le premier jour après notre arrivée, les Dirigeants décident de créer des Groupes pour les visites. Je rejoins celui qui part vers un Musée Historique. Les Groupes se séparent, chacun avec leur Accompagnateur. Nous devons éviter de nous éloigner de celui-ci pour que nous ne nous perdions pas. En plus, moi et le sens de l’orientation, ça fait deux. Nous nous rendons au Musée… en petit car scolaire. Heureusement qu’ils prévoient les sacs plastiques dans ce genre de véhicules… Je passe le voyage avec. Arrivés à l’entrée, je suis dans les premiers descendus à respirer l’air – plus ou moins – frais. Nous étions obligés d’y aller comme ça ? Nous ne pouvions pas marcher jusqu’ici ? Argh…

Quand tout le monde fut enfin sorti, nous avançons vers l’entrée du Musée. Pour éviter de tout décrire, notre Accompagnateur a juste eu l’idée extraordinaire de nous donner un questionnaire et de le remplir avec ce que nous voyons. Trop cool… ! Nous faisons le tour de toutes les salles avec un autre Homme qui nous sert de Guide. Il nous raconte l’Histoire de notre Pays. J’ai déjà vu plusieurs des choses qu’il explique en cours, mais bon… Je ne dis rien. Je me contente de remplir cette fichue feuille.

La visite s’achève plus vite que je ne le pensais. Nous sortons dehors quelques heures après. D’après notre Accompagnateur, il n’est que dans les environs de quinze heures et quart. Alors… Nous faisons quoi maintenant ? Notre Accompagnateur propose d’aller voir des boutiques de souvenirs. Pourquoi pas… Il part en tête du Groupe, chose logique. Je traînasse derrière. Trop malheureusement car quand je reporte mon attention sur le Groupe… bah il a disparu !

Je fais quoi ? Je regarde tout autour de moi, paniqué. Les Passants sont supers nombreux pour que je puisse repérer mes Camarades. Non ! Tout mais pas ça ! Pourquoi a-t-il fallu que ça m’arrive ? Je ne sais même pas où je suis ! Je tourne la tête vers une pancarte indiquant le nom d’une rue. Ça ne va pas vraiment m’aider… Je me mets à courir, les larmes aux yeux. Je finis par heurter quelqu’un. Je lève mon regard vers la personne et essuie mes yeux avec la manche de mon pull. C’est une jeune fille brune… Je m’incline pour m’excuser :

« Ah ! Euh… Dé… Désolé ! »

J’allais repartir mais, je reste planté là devant elle. Peut-être qu’elle a croisé le Groupe ? Des Enfants avec un Adulte, tous vêtus de vêtements chauds, c’est assez repérable, non ? Finalement, je m’écarte sur le côté et éclate en sanglots, la tête entre les mains… Très courageux, comme toujours, je ne parviens même pas à lui demander si elle les a vus…

J'ai décidé de me balader un peu. Je me suis dit, que l'air frais était bon pour la santé, sauf que cette phrase ne me donnait pas trop de motivation...L'air d'une ville comme Tokyo n'était, forcement, pas trop bon pour la santé. Avec toutes les pollutions...Mais c'est comme ça, je dois vivre, alors, je suis sortie.

Je voulais faire une inspection de la ville, ou un truc du genre, pour m'amuser. Bientôt le Nouvel An, ça vaut la peine d'aller dans les lieux touristiques. Et où trouver plein de touristes? Dans des magasins de souvenirs, bien sûr! Toute contente et souriante, je me dirigeais vers un quartier très souvent visité par les gens d'autres villes. Il y avait des musées, notamment celui de l'histoire du pays, et ce qui va avec: des magasins, petits ou grands, tous comportant des souvenirs. Des T-Shirts, des figurines, des calendriers, des badges, des sacs.

Je suis entrée dans l'un d'eux, pour trouver de l'eau, que je n'ai pas pris de chez moi. Enfin, je crois que je l'ai fait un peu exprès. Quand je l'ai acheté, je ne pouvais pas trop sortir, vu que le passage était bloqué pas une dizaine d'enfants, habillés dans des pulls, très chauds j'imagine, avec un adulte en tête. Ça me faisait un peu rigoler, même si ce n'était pas drôle. Dans quelques secondes, ils sont partis et j'ai fait la même chose, mais dans la direction opposée.

Je regardais toutes les personnes qui passaient, cherchant quelqu'un avec qui me sympathiser. Je n'avais pas de besoins particuliers: je cherchais entre les femmes et les hommes, entre les adultes et les enfants. Et comme je regardais ailleurs, je marchais sans voir ce qu'il y a devant moi. Comme on pouvait s'attendre, j'ai fini par rentrer dans quelqu'un. Et ce quelqu'un était différent des autres: ses habits, son âge, son visage montrant la peur. Tout ça rentrait bien dans un seul personnage, une personne avec laquelle j'aimerais bien parler.

Ah ! Euh… Dé… Désolé !

Non, c'est à moi de m'excuser, je ne regardais pas devant moi!

Après un moment que je le regardais, une idée me vint en tête: il ressemblait vachement aux enfants de la groupe de tout à l'heure. Il en fait partie? Alors qu'est-ce qu'il fout la? Il s'est perdu, peut-être...

Entre deux sanglots, j’entends la Jeune Fille Inconnue s’excuser en prétendant qu’elle ne regardait pas devant elle. Après ça, elle est restée silencieuse. Autant que moi d’ailleurs. Je m’appuie contre le mur d’une maison sur le côté avant de me laisser glisser et m’asseoir par terre, ramenant mes genoux contre moi, la tête entre les mains. Je pleure durant au moins cinq minutes, avant de finir par me calmer. Je relève la tête, supposant bien qu’elle a dû partir, se fichant totalement de mon sort, sauf que je la vois, toujours présente à mes côtés.

Je passe la manche de mon pull sur mes yeux pour les essuyer. Je me remets debout, me tenant au mur pour ne pas retomber. Pourquoi n’est-elle pas partie comme une égoïste ? Comme tous les êtres humains parcourant ce Monde ? J’exagère, oui. Il faut que j’arrête de faire des généralités. Mes Amis du Foyer ne sont pas égoïstes. Non. Il n’y a que mes Parents qui sont ainsi. Qu’eux. Surtout ma Mère. Je n’ai jamais rencontré d’autres personnes agissant de la même manière jusqu’à maintenant.

Bon… Où suis-je donc ? Je dois les retrouver au plus vite… Ont-ils remarqué mon absence ? Il est fort probable. Ils savent très bien que je suis doué pour me perdre… Alors, ils me cherchent sûrement, à coup sûr. Je les connais depuis le temps… J’avance de quelques pas vers la Fille-Brune. Je parle rarement aux Inconnus. J’ai trop peur d’eux. Cependant, elle semble gentille… Elle ne m’a pas abandonné pendant que je pleurais… Elle peut peut-être m’aider à rejoindre mon Groupe… ? Si ça se trouve, elle les a vus même !

Je parviens jusqu’à elle en titubant, les yeux encore un peu mouillés de larmes qui m’empêchent de voir clairement. Je m’agrippe à son bras, ne comptant plus la lâcher pour l’instant. De nouvelles larmes reviennent couler sur mes joues. Je bafouille difficilement :

« Di… dites… vous… vous n’auriez pas croisé… croisé un Groupe d’Enfants… comme… comme moi… ? »

Oui, il faut un traducteur pour réussir à me comprendre. On croirait presque que je ne sais pas parler. Espérons qu’elle réussisse… Je ne lâche pas la Jeune Fille, m’accrochant à mon unique point de repère bien que je ne la connaisse pas. Comment elle s’appelle ? Elle habite dans les environs ? C’est une Lycéenne ? En tout cas, elle paraît en avoir l’âge.

Je ne voulais pas partir, je ne pouvais pas laisser ce garçon seul! Je n'avais rien à faire de toute façon. Je réflechissais comment je peux l'aider, et au moment où je voulais lui demander quelque chose, j'ai senti quelqu'un s'agriper à mon bras. Je tournai ma tête vers la manche de mon vêtement et j'apperçu le garçon.

Di… dites… vous… vous n’auriez pas croisé… croisé un Groupe d’Enfants… comme… comme moi… ?

J'avais besoin d'une ou deux minutes pour comprendre sa question, et pendant ce temps, je le regardais en me taisant. Quand j'ai réussi à déchiffrer son code secret, je sursautai.

Un groupe d'enfants tous habillés chaudement? Avec un adulte en tête? Si ce sont eux, je les ai vus.

Ai-je répondu en souriant. Puis, je me souvint que je ne me suis pas encore présentée.

Je suis Fumika, j'habite ici, à Tokyo je veux dire, et je suis au lycée. Et toi? Tu t'es perdu?

Demandais-je, en le regardant. Il n'avait pas l'air de vouloir me lâcher, mais ça ne me dérangeais pas.

La Jeune Fille les a vus ! Elle les a vus ! Hourra ! Elle va pouvoir me guider jusqu’à eux ! Je tourne légèrement la tête vers la foule derrière moi. Enfin euh… peut-être… si elle y parvient parce qu’avec tout ce monde… J’espère que oui, en tout cas ! Et qu’elle se souvient de la direction qu’ils ont prise aussi ! Sinon, tout ce beau discours n’aurait servi à rien, sauf à me redonner un peu d’espoir. Allez Yuki ! Arrête d’être pessimiste, voyons ! Essaye de lui faire confiance ! Au moins pour cette fois !

Accroché au bras de la Lycéenne, je relève le regard vers elle. J’essuie une nouvelle fois mes yeux et hoche de la tête. Un sourire se dessine sur mon visage. ‘’ Tous habillés chaudement ‘’. J’aime bien la description qu’elle nous donne. Et encore là, nous portons les vêtements de notre choix ! En général, nous avons la… magnifique… tenue d’Hokkaido !

« Ou… oui ! Ce sont… ce sont eux ! Vous… vous pouvez les… les retrouver d’ici… ? »

Oh ! La Fille Brune se présente. Alors comme ça, elle s’appelle Fumika… elle vit ici… et elle est bien Lycéenne… Donc, elle doit vraiment mieux connaître les environs que moi. Effectivement, je suis perdu ! Elle a deviné juste ! Ce n’était pas compliqué à remarquer non plus… Je reste quelques instants à l’observer silencieusement. Dois-je lui accorder ma totale confiance au point de lui dire comment je me nomme ? C’est un peu trop rapide à mon goût… De plus, si ça se trouve, elle m’a menti sur toute la ligne…

Pourtant… Pourtant… Cette Fumika ne semble pas être une personne malveillante… Elle n’a pas l’air d’être malintentionnée… Je peux peut-être… la lui accorder… juste pour cette fois à elle ? Je finis par relâcher son bras et baisse la tête. Je prends une profonde inspiration, le cœur battant la chamade, plus terrifié qu’autre chose. Dire qui je suis… Dire que je suis… Ce n’est pas si difficile ! Pourquoi est-ce que je panique autant ?

« Je… moi… moi c’est Yuki… je… je suis Collégien… à Hokkaido… »

Et bien voilà ! J’y suis arrivé ! Malgré tout ça, je me sens trembler. Je tiens à peine debout d’ailleurs… Mais je tiens quand même !

Ou… oui ! Ce sont… ce sont eux ! Vous… vous pouvez les… les retrouver d’ici… ?

Ha! Visiblement, j'ai gagné! Ou pas. Bon, si je peux l'aider en les retrouvant, je le ferais! Je crois, en tout cas.

Je le regarde, plutôt contente, d'un air joyeux, pour le reconforter. Je dois l'aider, il est si perdu! Ce que je dis n'a aucun sens, “si perdu”...Bref, je vais me taire dans mes pensées...Ou non, en fait, je ne veux pas m'endormir. En me disputant avec moi-même, je me suis apperçue du fait, que le bonhomme, qui vient probablement d'un collège étranger à cette ville, vu qu'il s'est perdu, laisse mon bras tranquille, j'entends une profonde respirations, et puis...

Je… moi… moi c’est Yuki… je… je suis Collégien… à Hokkaido…

J'ai vu juste, on dirait! Un collégien d'Hokkaido, ça ne se voit pas tous les jours! Sauf là-bas, bien sûr. Bref.

Visiblement, il s'appelle Yuki...C'est un beau nom! Ça me paraît un peu fille, j'ai connu une Yuki à Kyôto...N'empêche que j'adore ce prénom! Je ne sais pas pourquoi ma mère devait absolument m'appeler Fumika. C'est moche, c'est long, ça veut rien dire...Enfin, si, mais rien qui me ressemble à moi, ou à mes origines. Je dois absolument lui demander quand je rentrerai. Et je vais la bouder, ça fait lontemps que je ne l'ai pas fait. Suf si c'était papa qui m'a nommé comme ça, là, je vais le bouder, lui. Bon, je vais sérieusement arrêter, il y a un Collégien qui attend mon aide!

Je me penchais en avant, pour mieux le regarder. Il était vraiment d'une autre ville, je ne l'ai pas encore vu ici! Bon, ce n'est pas comme ça qu'il faut vérifier, Tokyo est une ville très grande, et je ne suis pas là depuis lontemps, je n'ai même pas connu tout le monde de mon lycée (ce qui ne m'a pas empêché de rencontrer Suzuno-sama!).

Bon, on y va~?

Je souriai, prête pour partir à la recherche. Avec un peu de chance, ils ne sont pas encore allés très loin...

Lorsque Fumika se penche vers moi, je recule d’un pas, surpris par son approche soudaine. Je regarde tout autour de moi, tremblant et me frottant les mains comme si j’avais les doigts gelés. Mais tout le monde sait que les gens qui viennent du Nord sont ceux qui craignent le moins le froid. Quand j’ai froid, moi, c’est à cause de la peur… Surtout qu’il fait tiède ici… Je dois avouer que j’ai même un peu chaud avec mon pull… Pourquoi je ne l’enlève pas ? Simplement parce qu’il représente ma Région ! Même si je n’aime pas me sentir différent, je respecte mes origines. Je me montre fidèle à Hokkaido. Oui, j’ai une logique absurde. Enfin bref !

La jeune fille annonce finalement qu’on peut y aller. Du moins, ça ressemble plus à une question. Ce… c’est elle que j’attendais personnellement… je suis prêt depuis longtemps… Plus vite je les aurai retrouvés, mieux ça sera pour moi ! Je déteste être seul sans eux… Je ne supporte pas trop rester avec des Inconnus… Je suis un peureux né… sans Hikari ou mes Amis du Foyer, c’est de justesse si je suis capable de faire quelque chose… Même jouer au Foot, je ne peux pratiquement plus défendre sans risquer de créer des blessés…

Sinon… une idée de la route à suivre ? Non parce que moi, je n’en sais strictement rien d’où ils peuvent se trouver ! Je ne sais déjà pas où je suis ! Je lève les yeux vers elle avec un air mi-interrogatif, mi-terrorisé. Avant de me retourner dans la direction par laquelle je suis arrivé, du moins je crois. Mais voilà. Il y a tellement de monde que je la repère à peine, l’entrée de la rue. Qu’est-ce que je dois faire… quelle route dois-je prendre… pourquoi ça n’arrive qu’à moi ? Je suis habité par Satan, pour ça que je suis malchanceux tout le temps !

« Vous… vous avez une… une idée du chemin qu’ils… qu’ils ont pris… ? »

Vraiment, me comprendre doit s’avérer être un grand effort car je bafouille énormément mes mots qu’on dirait du charabia ! Je ne sais même plus si c’est une langue encore ! Peut-être que je mélange le japonais et l’anglais – puisque j’apprends l’anglais au Collège – ! Si c’est le cas, et bien, j’espère que la Lycéenne connaît l’anglais ! Mais bon… je ne pense pas que je m’embrouille dans les deux langues… Les cours et moi, ça a toujours fait un, malheureusement…

Et ce n’est pas en pensant aux cours que je vais trouver mon chemin ! Surtout que c’est les vacances ! Que je suis ici pour assister au Spectacle du Nouvel An dans quelques jours et que je me suis perdu ! Je reporte à nouveau mon attention sur Fumika pour savoir si elle se souvient où elle les a vus la dernière fois. J’espère que oui ! J’ai réussi à calmer un peu ma peur. Je ne tremble plus… Après tout… il n’y a pas de raisons d’avoir peur… je suis en compagnie d’une personne de confiance… que j’ai rencontré et qu’elle est toute seule dans une rue… qu’elle a l’air sympa et prête à m’aider… Quelque chose cloche. C’est beaucoup trop facile de tomber comme ça sur quelqu’un qui a vu mon groupe. C’est un piège !

Je me remets instantanément à trembler. Je recule de plusieurs pas, loin de la jeune fille. Tout ça n’est qu’une ruse pour m’avoir ! Elle veut m’enlever pour me vendre comme esclave à des gens inconnus ! Je ne me ferai pas avoir ! Et je pars en courant.

Vous… vous avez une… une idée du chemin qu’ils… qu’ils ont pris… ?

N-Non...Mais d'abord, il faudrait retourner là où je les ai vus...

Je regardais le petit avec un léger sourire, mais il commençait à paraître de plus en plus méfiant. Que pensait-il ? Je me le demandais bien...Je voulais me mettre en route, mais avant mon premier pas, le garçon est parti en courant du mauvais côté.

A-Attends, que fais-tu ?! Les boutiques de souvenirs sont de l'autre côté !

Criai-je, pour réaliser ensuite qu'il ne voulait pas courir dans la bonne direction : il me fuyait sûrement. Ne comprenant rien du tout, je suis partie en courant derrière lui, en voulant lui demander au moins pourquoi il a commencé de fuir, tout à coup.

Héé, Yuki, attends !!

Je ne le voyais plus, je m'arrêtai près d'un banc, où je tentais de récupérer mon souffle.

Yu...Yuki...Je dois...Com...prendre...ce qu'il pensait...

Et je me suis remise en route, savant qu'il pourrait encore se perdre, et que ce serait plutôt dangereux.

Je cours à toute vitesse, loin de la Lycéenne qui, d’après ce que j’entends, me poursuit et me crie de l’attendre. Comme si j’allais me laisser berner aussi facilement ! Elle peut toujours rêver ! On ne peut pas faire confiance aux Adultes, j’en étais sûr ! Ils font des promesses qu’ils ne tiennent jamais ! Ils mentent à tout bout de champ ! Bien entendu, il y a des exceptions, par exemple… les Dirigeants du Foyer ! Je dois les retrouver ! Je suis plus en sécurité avec eux ! Plus facile à dire qu’à faire…

Je ne suis qu’un idiot… J’aurais dû regarder devant moi au lieu d’observer les gens… Si ça se trouve, il faudra que je rentre par moi-même jusqu’à Hokkaido… Comme si c’était possible ! Je ne peux pas traverser la mer sans billet pour prendre le bateau ! Alors aller au Foyer de Tokyo ? Oh non. Ils ne sont pas très aimables, là-bas. Ils ne m’aideront jamais… Je n’ai pas le choix. Je dois les retrouver !

Mais pourquoi il y a autant de monde dans les rues ? C’est quasiment impossible de circuler à moins de zigzaguer pour les éviter ou qu’ils s’écartent de mon chemin. Par moment, je tourne en rond, tellement je ne sais pas où je vais ! Et c’est vraiment mauvais pour moi, de faire ça ! À plusieurs reprises, je manque de déclencher ma Tempête. Pourquoi ça n’arrive qu’à moi, ce genre de choses !? À force de courir, ralentir, recourir, reralentir pour l’empêcher de se créer… je m’essouffle bien vite. Je m’arrête au milieu de la foule et jette des coups d’œil autour de moi. Déjà, la Jeune Fille a l’air de m’avoir perdu de vue. Bonne nouvelle ! Je suis débarrassé d’elle, au moins ! Maintenant… où suis-je ?

Regardant tous les alentours, je remarque un immense bâtiment plus ou moins vieillot qui semble bien me rappeler quelque chose. Je sais ! C’est le Musée d’Histoire que j’ai été visité tout à l’heure ! Alors je suis revenu sur mes pas sans m’en rendre compte ? Ce n’est pas plus mal. En y réfléchissant, j’aurais dû retourner tout de suite ici après m’être perdu au début. Ils reviendront par là lorsqu’ils se seront aperçus que je ne suis plus avec eux, hein ? Ils ne vont pas m’abandonner ?

Cette fois, au lieu de courir, j’avance en direction de l’entrée du monument. Je monte les escaliers jusqu’à arriver au portail. Je longe alors la grille jusqu’au mur et m’assois dans les marches. Je ramène mes genoux contre moi et les enserre de mes bras tandis que mon regard dérive sur les passants en contrebas. Mes yeux s’arrêtent sur une fontaine où de multiples enfants s’amusent avec l’eau, sous la surveillance de leurs parents. J’esquisse un léger sourire en me remémorant de nombreux souvenirs. Puis je secoue la tête pour les chasser quand je sens les larmes me venir et détourne le regard pour continuer à chercher une quelconque personne ressemblant aux Dirigeants du Foyer.

Je ne pouvais... pas. Je ne pouvais plus le retrouver. Si c'est un jeu, il n'est vraiment pas drôle ! Sauf que ce n'est pas un jeu. Il ne joue pas au cache-cache, il me fuie. Affreux, bizarre. Incompréhensible. “Pourquoi ?” - cette question me revenait tout le temps en tête.

La tête baissée, je suis repartie à l'endroit où je les avais vu. Les dirigeants du foyer... Comment ont-ils pu, bon sang, comment ? PERDRE un enfant ? Affreux, bizarre. Incompréhensible. “Comment ?” - cette question me revenait tout le temps en tête.

Et une fois arrivée, je vois ces petits collégiens avec, en tête, un ou deux adultes. Le groupe du Foyer ? Sûrement. Je m'approche de ces gens complétement paniqués, pour demander qu'est-ce qui se passe.

On l'a perdu ! Comment ? Pourquoi ?

Et là, j'ai compris – ils viennent de découvrir sa disparition. La disparition de Yuki Sunourufu.

Pardon ? Est-ce que vous n'avez pas, par hasard, perdu un enfant ?

Si, si ! Mais comment est-ce que tu le sais ? Tu l'as vu, peut-être ? Un collégien aux cheveux bruns, yeux jaunes-bruns, plus ou moins de cette taille... Oh, ne veux-tu pas nous aider ?

Oui, justement, je l'ai croisé il y a quelques minutes ! C'est un garçon vraiment gentil, sauf qu'un peu peureux ou timide, j'ai l'impression. Ah, dommage qu'il est parti avant que je ne l'ai conduise jusqu'à vous. ~ Quel scandale, perdre les enfants mis sous votre aile ! Il faudra informer les hommes de loi, ou faire quoi que ce soit pour que cela ne se reproduise plus ! Et puis, vous ne me connaissez même pas, je ne vois pas en quelle honneur vous me tutoyez, c'est très désagréable de votre part. ♫

Finissant mon monologue, je fis un pas en arrière, attendant quand même la réaction des adultes. Tout en parlant j'avais pris un ton narquois en parlant de scandale j'ai même empiré mon attitude fort méchante envers ces inconnus. Attendant une réponse de leur part, je me suis mise dos à eus, lâchant mes cheveux et refaisant une queue de cheval avec.

En ce moment, je pensais à cet pauvre enfant qui s'est perdu et qui, en ce moment, est probablement en train de pleurer, de peur. Tokyo est une grande ville, il faut l'avouer. Et se perdre dans cette ville immense peut être un avantage et une aventure, on peut rencontrer des futurs amis très proches.

Mais est-ce toujours le cas ? Je crois avoir tout foiré avec mon envie d'aider. Je pense lui avoir fait peur, et je ne peux pas me pardonner pour ça. J'ai lancé un soupir triste, regardant devant moi.

Personne. Toujours personne. Je ne les vois nulle part. J’ai peur, je tremble un peu. Cela doit maintenant faire dix minutes que j’attends sur les marches, devant le Musée d’Histoire, en vain, sans ne jamais reconnaître qui que se soit. Ils ont remarqué ma disparition depuis le temps quand même… Mais plus j’y pense, plus je me demande s’ils vont penser à revenir ici… C’est vrai, après tout, comment pourrais-je retrouver cet endroit, une fois perdu ? Ce n’est qu’un coup de chance ! Ils ne chercheront jamais par là ! Je ne suis qu’un idiot ! Je ne réfléchis jamais assez ! Enfin, d’habitude si, mais là… je crois que la panique me fait perdre tous mes moyens…

En tout cas, rester assis là ne me mènera à rien. Il faut que je bouge. J’allais me mettre debout pour repartir, quand une dame qui m’est totalement inconnue se penche vers moi pour me demander si tout va bien. L’espace d’un instant, je crois voir ma Mère à la place de cette femme. Je bondis sur mes pieds, ravalant une réplique acerbe lorsque l’illusion disparaît. La dame s’écarte, surprise par mon geste brusque. Je saisis cette occasion pour fuir en courant, loin d’elle aussi. Elle tente de me retenir, mais j’avais déjà disparu de son champ de vision, à travers tous les passants.

Ne jamais faire confiance aux adultes. Ne jamais faire confiance aux adultes ! Je me répète sans cesse cette phrase en même temps que zigzaguer entre la foule. Les larmes me montent à nouveau aux yeux et ma vue se trouble, ce qui me force à ralentir et à m’arrêter pour essuyer mes yeux d’un revers de manche. Où suis-je désormais ? Encore plus perdu que tout à l’heure, sûrement. J’ai pris des chemins de manière complètement aléatoire. Je regarde autour de moi. Des gens, tout le temps des gens qui parfois m’observent bizarrement. À chaque fois que je croise l’un de leur regard, un frisson glacé me parcourt tout le corps. Et je continue, je continue de marcher… Jusqu’à… ce que je perçoive une voix féminine qu’il me semble avoir entendue récemment, malgré l’air moqueur derrière. Fumika ! Mais à qui s’adresse-t-elle sur ce ton ?

Pourquoi parle-t-elle de scandale, de perdre les enfants mis sous l’aile de qui ? Pourquoi faut-il informer les hommes de la loi ? Je me faufile discrètement et arrive non loin d’elle. C’est là que je remarque… l’un des Dirigeants du Foyer ! Hourra ! Je les ai retrouvés ! Une minute… Fumika… vient d’insulter le Dirigeant parce qu’il m’a perdu ? Alors là… Je cours droit vers le Dirigeant, fou de joie, en criant que je les ai enfin rejoints. L’Adulte du Groupe semble aussitôt rassuré. Il me fait un grand sourire, que je lui rends avant de me tourner vers Fumika, pour riposter à ses paroles tout à l’heure :

« Je vous interdis de les insulter ! Ils n’y sont pour rien ! C’est moi qui me suis perdu ! C’est entièrement de ma faute ! »

Ça, c’est dit. Je croise les bras, toisant Fumika avec un air mauvais sur le visage. Je ne laisserai personne insulter ceux qui ont accepté de me garder alors que ma Mère est toujours en vie. Et en plus, ils étaient à ma recherche ! Donc ils ne sont pas en tord ! Il n’y a pas à informer les hommes de la loi !

En m'éloignant lentement j'ai entendu la voix de Yuki. Il était donc bel et bien là... Mais d'où est-il apparu ? Je ne le savais pas mais j'étais contente de savoir qu'il a retrouvé son groupe. J'ai tourné ma tête, n'écoutant pas ce qu'il dit pour autant. Je m'en fichais un peu, il faut le dire. Car j'ai insulté les dirigeants. Il m'en veut sûrement, donc pas besoin d'écouter.

J'ai sourit, tristement mais gentiment. Un peu de joie s'y cachait aussi. Les sentiments mélangés de cette façon... Bizarre, bizarre, mais possible. Je me suis approchée du garçon qui croisait ses bras, air plutôt énervé. Oui, il m'en veut... Tant pis ! Le groupe n'avait qu'à bien l'observer. Je me suis baissée, presque agenouillé sur le sol, lui mettant ma main sur sa tête, ébouriffant ses cheveux, avec les yeux à moitié fermés et toujours ce sourire.

C'est bien, Yuki. Tu les as retrouvés. Je suis contente.

Spoiler:

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À l’aide ! C’est par où la route ? [ PV : Fumika Sakanoe ]

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