J'ouvris lentement mes yeux, réveillé par la lumière du matin que mes stores avaient mal filtré. Intérieurement, je râlais un peu contre ce nouveau problème d'isolation, mauvaise découverte, mais je gardais la maîtrise de ma contrariété, même dans cette pièce ou je me trouvais seul. Pas un grognement lorsque je du me hisser hors de mon unique couverture.
Je me dirigea sans hésiter vers le carton – le deuxième et dernier carton - qu'il me restait à déballer et dans le quel se trouvait mes seuls instruments capables de me donner l'heure, à savoir mon portable et mon réveil. Ce dernier ne fut pas bien difficile à trouver, étant donner que je me contentais de peu d'effets personnels. Pratique pour ce qui était des déménagements à répétitions : La dernière fois, je n'avais même pas pris le temps d'installer toute ma chambre. C'était peut être pour ça que je n'avais pas pris la peine de finir mon rangement la veille, lorsque j'avais pour la première fois mis les pieds à Hokkaido.

Il était sept heure et une minute, juste histoire de dire que je n'avais pas pu me réveiller à l'heure parfaitement ronde. Il n'était pas tôt à proprement parler, mais je n'avais rien d'autre à faire de ma journée qu'un peu de rangement et j'avais peur qu'elle ne soit de nouveau trop longue à mon goût. Mais au moins, nous étions en pleine semaine et personne n'aurait la sottise de mon conseiller d'aller à la rencontre de jeunes gens de mon âge, puisqu'ils étaient tous sensés être assis sur les bancs du collège. Moi, j'étais loin de bénir ceux qui m'avait offert un jour de répits avant de reprendre les cours, non pas par miséricorde, mais car, à peine arrivés, Ils n'avaient pas le temps de m'y conduire et qu'ils avaient la sagesse de comprendre qu'il aurait mieux valu pour moi apprendre à connaître le chemin avant de m'y rendre. Lors de ces dernières années, Ils avaient appris à connaître mon sens de l'orientation exécrable et en manifestaient un genre de compassion à mon égare. J'avais l'impression qu'Ils l'éprouvaient presque comme un soulagement ; Je sentais souvent leur envie de me passer une laisse autour du coup. Pour un couple aussi digne, ça avait une dimension étrange, mais je ne me donnais le droit de porter aucun jugement. Je n'avais jamais pensé qu'au caractère que cela forge d'être élevé en orphelin, mais pas une fois à ce que l'on devenait en perdant un enfant et même si, de cela, je n'avais aucun regret, j'étais plus apte à comprendre. Pourquoi me blâmer ? Je n'étais pas égoïste, je ne savais tout simplement pas. Et quand on ne sait pas, on ne s'en mêle pas.

Je quitta ma chambre pour rejoindre la petite salle de bain qui devrait m'offrir le luxe de ne pas côtoyer régulièrement les bains publics mais qui pour l'heure n'avait guère d'autre utilité que d'abriter des bouteilles et bassines au allure de lavabo tant que nous n'avions pas l'eau courante. Après tout, nous avions emménager dans une remarquable précipitation. Je ne pris que le temps de m'humidifier le visage et de me coiffer par quelques coups de brosses à cheveux devant l'unique miroir que j'avais moi-même installé pour me rendre utile. Cela fait, je ne pris pas le temps de prendre un petit déjeuné, préférant sauter dans mes vêtements – Ceux de la veille, en faite - pour me remettre au rangement. D'abord ma chambre, puis tout ce qu'il m'était permis de toucher dans la maison ; Ce travail, même entrecoupé de deux pauses durant les quels j'avais été m'hydrater par deux grands verres d'eau, fut bouclé en moins du même nombre heures. C'était alors le moment parfait pour aller prendre mes repaires. Et puis, je n'aurais pas supporté resté enfermé à ne rien faire.


C'était tout décidé, je mettrais les pieds dehors, au moins pour pouvoir profiter d'un bon bol d'air frais ; Je franchis la porte principal après avoir été récupérer une veste parmi mes affaires, maintenant rangées comme il se devait, une veste assez légère car je n'étais pas du genre frileux et que, dans le pire des cas, je préférais frissonner plutôt que de mourir de chaud. Je ne craignais certainement pas de m'enrhumer, je me savais solide.
Je m'éloigna assez que pour pouvoir constater, en me retournant, que de l'extérieur, ma nouvelle demeure paraissait relativement modeste. C'était un appartenant propre mais ne laissant en rien deviner son volume, un peu comme la plus part des précédents. A croire que les Tamashi choisissaient leurs logements pour cet aspect trompeur. Étaient-ils paranoïaques ? C'était une chose de plus que je comptais sur la liste des choses que je trouvais suspecte chez ce couple.
Je me promenai encore assez que pour me trouver à une bonne distance de chez moi. Les mains dans les poches, j'avais un mal de chien à dessiner dans ma tête le plan du quartier, mais comme j'avais veiller à aller un maximum en ligne droite, je n'aurais pas du avoir trop de mal à retrouver mon chemin. Cependant un découverte me força, au bout de quelques bonnes minutes de marche, à prendre un virage ; Entouré de quelques verdures mal éveillées, un terrain de foot trônait dans toute sa simplicité. Et, à mon grand bonheur, il n'y avait aucune équipe pour le piétiner. Sans doute parce que, justement, il y avait cours ? J'ai tout de même trouvé ça étrange, étant donné le succès qu'avait rencontré le football au près des collégiens depuis la victoire d'Inazuma Japan au FFI. D'ailleurs, l'un des joueurs de cette fameuse équipe ne vivait il pas par ici ? Non pas que j'avais envie de le rencontrer - Qu'est ce que j'aurais bien pu lui dire ? - c'était simplement une constatation qui me faisait sourire. Enfin, intérieurement, il en fallait plus pour me décrocher un rictus. Après tout, moi aussi, j'aimais le football.

Je m'approcha du terrain avec méfiance, m'attendant à voir débarquer un groupe, mais il n'en fut rien. Mieux encore, lorsque je fus assez proche, je pu trouver, abandonner près des cages, un ballon un peu dégonflé, pris à moitié dans les filets.

C'était comme ça que j'avais fait ma première rencontre à Hokkaïdo. J'avais sentis les pas d'un nouveau venu avant même de l’apercevoir. Il faut dire que, d'abord concentré sur le ballon, je lui tournais presque le dos. Dés que, en me retournant, mes yeux eurent confirmés sa présence, je me mis malgré moi sur la défensive. Mais que faisait cette personne, là, aussi seul que je l'étais ? Moi qui m'était déjà réjouit de pouvoir faire quelques dribbles en compagnie de quelconque ombres sorties tout droit de mon imagination d'enfant farouche.

« Ca ne va pas être super pour jouer. Ils ne prennent donc pas soin de leurs affaires ? » Avait dit une voix féminine derrière la capuche de cette personne que j'avais d'abord pris pour un inconnu blasé.

Il faut dire que cette fille faisait facilement une tête de plus que moi et ne laissait rien deviné de son genre à travers ces vêtements larges. Elle était sans doute plus vieille que moi. Peut être lycéenne ou pas loin de l'être, au moins ? A titre d'avis personnelle, je penchais plutôt pour la première option. Quoi qu'il en soit, je n'avais pas beaucoup aimé sa réplique. De quoi elle se mêlait, au juste ?
Je feinta l'ignorance – Je n'avais jamais beaucoup aimé parlé - m'appliquant à récupérer le ballon entre mes mains gantées comme à leurs habitudes. Je devais admettre qu'elle n'avait pas tord, ça n'allait pas être terrible à manipuler, mais il n'était pas encore totalement bon à jeter, il était simplement négligé et c'était déjà ça. D'autant plus que je n'avais pas d'autre ballon neuf avec moi, ne pensant certainement pas que j'allais trouver un terrain vide ou au moins sensé l'être.

Je laissa tomber le pauvre objet sur le sol pour constater qu'en effet, il rebondissait peu. Tant pis. Je le fit rouler entre mes pieds, d'abord de pas grand chose, avant d'entamer des gestes plus amples. Plus le ballon roulait, plus j'accélérais le mouvement. Je tenta mon idée de dribbles en solitaire et quelques autres manipulations, pas des plus spectaculaires mais confirmant pour une certaine habilité à qui en doutait que je n'étais pas totalement étranger au domaine du football. D'autre part, je ne pouvais pas me lancer dans de grand effort et montrer sans modestie aucune ce que je savais objectivement au fond de moi ; J'étais plutôt doué. Non, je ne pouvais pas parce que, d'une part, on ne fait pas de grand exploit tout seul lorsqu'on pratique un sport d'équipe et que, d'autre part, si malgré la qualité peut convaincante du matériel m'aurait permis au moins de tenter un tir, je ne pouvais me défaire de ma méfiance. C'était contre ma volonté, mes réflexes me voulait près à défendre ma trouvaille ronde et la présence de l'autre, que je regardais du coin de l'oeil, me faisait tiquer.

J'avais beau imiter l'intouchable, les paroles de la fille avaient réussit à m'atteindre. Cependant, ce n'était certainement pas dans le bon sens. Était-elle entrain de se moquer de moi ? Pourtant, je ne m'étais pas mal débrouillé pour l'énergie que j'avais fournie. Il m'en restait encore beaucoup en stock. Un petit feu susceptible s'était doucement éveillé en moi et m'avait pris au trip. Encore trop raisonnable, je ne céda pas à mes caprices qui me hurlaient de m'arracher jusqu'au dernier souffle pour prouver à ses remarques que j'étais un futur joueur d'élite. En bref, m'épuiser à me montrer épatant.
Je dévisageait la coupable, sa capuche tombée dévoilait ses cheveux qui revoyaient de façon douce la lumière du soleil, ainsi que les traits de son visage, qui d'ailleurs semblaient encore moins japonais que les miens. Tout de suite, on lui accordait plus de féminité. Ce constat eu le don de me vexer d'avantage ; Pour une fille, elle ne jouait vraiment pas mal. Mais je ne pouvais tout simplement pas la laisser croire qu'elle avait autant de force que moi, qu'importe qu'elle soit plus âgée et plus haute. En tant que garçon, j'avais forcément un avantage.

Pour faire fuir ces pensées envahissantes, je continuais à jouer du ballon, sous la sensation très désagréable d'être observé depuis plusieurs angles. Si j'avais su que je n'eus pas été, à ce moment là, le seul à sentir l'ombre d'un regard étranger sur moi, je ne me serais certainement pas si vite convaincu que j'étais entrain de rêver. Mais, peu importe.
Je fit rebondir le ballon autant que possible sur mes chaussures, comme un vecteur d'émotion muet, puisque mon visage n'avait jusque là rien affiché qui n'aurait trahis la moindre de mes réflexions. Cela n'allait pas tarder à changer, tant que j'avais sur mon l'attention de l'inconnue, je transperça ma peau d'un masque d'arrogance. Une gentille arrogance, s'il vous plait, le genre d'insolence qui cache un « Tu te débrouilles bien, toi aussi ! » inavouable. Une mise au défis silencieuse, en quelque sorte. Rétrospectivement, je suis a peu près convaincu que ce fut une mauvaise initiative.

« J'espère que ne n'étais pas venue réquisitionner ce terrain. » Finis-je par dire d'une voix un peu rouillée, ce qui était normal étant donné que cela faisait environ vingt quatre heure que je eu l'occasion d'entendre le son qu'elle faisait.

Reprenant mon jeu solitaire, j'accélérait encore mes mouvements, comme une invitation à venir me voler le ballon. Cette fois, j’entrepris de prendre plus de place sur le terrain, ce qui fit reculer quelques oiseaux qui s'y étaient posés pour on ne sait trop quelle raison. Cela m'avait rappelé que je n'avais vraiment, mais vraiment pas envie de céder ma place et bien que je préférais la solitude, et bien que cette fille ne m'inspirait pas confiance, il était vrai qu'il était plus pratique pour jouer au football de ne pas être seul monopolisateur d'un terrain. Je n'allais jamais pouvoir réussir ce tir si je continuais à refuser catégoriquement toute compagnie, même la plus brève, et ça je le savais.

Elle restait de marbre et ça me rappelait étrangement quelqu'un, comme un reproche enfuis. Et si on était pareil, en faite ? Non, je ne m'imaginais pas comme ça, elle avait à mes yeux quelque chose de plus arrogant, voir agaçant, moi en général, je voulais juste qu'on me fiche la paix et je le faisais comprendre à tout ceux qui s'approchaient de trop près, qu'ils veulent l'entendre ou non. Du moins, je crois car je n'aurais jamais prétendu pouvoir me voir de façon totalement objective, les autres n'auraient certainement pas été d'accord.
Il n'empêchait qu'elle avait réussit à me surprendre, et non pas que parce qu'elle avait une bonne habilité à détecter mes angles morts, mais parce que j'avais l'impression que si elle continuait à dévoiler très lentement de plus en plus d'expérience, je devrais me résoudre à lui montrer, pour prouver une fois pour toute que j'en avais aussi dans le ventre, ma technique personnelle et ce bien qu'elle ne soit restée jusque là inachevée. Je n'y pensais pas trop sur le moment, mais au fond, c'était peut être une mauvaise idée d'en arriver là, surtout si on était amenez à se rencontrer de nouveau – Rien de moin sur, compte rendu de ma facilité à glisser d'une ville à l'autre – et peut être un semblant de rivalité saine, que je ressentais déjà un peu brûlé lorsqu'elle me piquait le ballon, l'air de rien.

Elle m'avait demandé pour qui je la prenait, et je me suis dis qu'elle devait avoir mal pris ma remarque, ce n'était pas vraiment comme si j'étais adroit pour m'exprimer, n'ayant que ce qu'il fallait d'orgueil pour tenir à ma répartie lorsqu'on le froissait. Non, j'avais simplement imaginé, puisque j'étais nouveau en ville, qu'elle ne l'était pas, puisqu'elle avait trouvé ce terrain et que, deux hasards au même moment, ça semblait bizarre. Peut être avait-elle, malgré nos faux airs de ressemblances, un entourage plus fourni que le mien. Cela n'arrive-t-il pas souvent, en théorie, lorsqu'on joue au football ? Quoi qu'il en soit, l'amusement dans sa réponse ne me plaisait pas trop. Mes sarcasme, je les ravalerais en la passant balle au pied, celle que j'avais rattrapé avec une maîtrise dont, sans le montrer, je tirais fierté.

Mais comme je n'avais plus trop quitté mon interlocutrice des yeux, j'avais tourné le dos à cet invité surprise dont je n'avais donc pas pu apercevoir la jambe et sa remarque, j'ai hésité à la prendre au sérieux.

« Nous avons des admirateurs, maintenant ...  » Avait-elle constaté.

J'n'étais sans doute pas très doué pour juger les gens, mais elle n'avait pas d’intérêt à bluffer, et j'en fut d'autant plus convaincu que cela aurait expliqué la présence que je sentais réchauffer mes épaules. Si elle s'arrêtait pour s'interroger, ça ne valait plus vraiment la peine de la passer.

« Il me semblait bien. » Me dis-je sans hausser la voix car je n'avais pas vraiment l'intention de faire entendre à quelqu'un d'autre qu'à moi cette réflexion. Cette façon de me parler à moi-même devait de loin me donner l'air de pester, comme mes paupières semblaient sous le poid de mes sourcils froncés. « Mais ça n'a aucun sens de se cacher. »

Je tentais de faire tenir en équilibre sur ma cuisse le ballon que je ne regardais plus que par de petit coup d'oeil vifs et transpirants de paranoïa. Je préfèrais observer les alentours pour détecter un mouvement quelquonque parmi le décor qui entourait le terrain. Dés que je perçu - puisqu'à présent j'avais jeter ma concentration sur d'éventuels mouvements étrangés - le moindre d'une présence humaine, ma réaction fut presque instictive ; Je tira avec toute ma force dans la direction indiquée par mes sens. Peut être un mordu de foot aurait il un réflex en vue du ballon ? Si ça n'était pas le cas, il devrait au comprendre par ce geste qu'il était repéré.

Étrangement, et même si j'avais réussis à repérer sa cachette sans douter de moi, je fus surpris de voir apparaître un garçon au sweat-shirt blanc. Et voilà ; Encore quelqu'un qui venait squatter le terrain ! Mais personne ne participait-il aux cours dans cette ville ? Moi qui avait réussit à trouver un point positif au congé que l'on m'avait forcé à prendre quand j'avais eu l'idée de sortir le nez dehors. La lourdeur de l’atmosphère ne me faisait aucune peine, mais après un certain silence – Que j'entendais, pour ma part, un peu boudeur – j'entendis la fille s'adresser à moi ;

« Attaquant ... ? » Avait-elle supposé, et comme j'étais plutôt fier de ma puissance de frappe, j'en esquissa presque un sourire en coin, alors que je hochais la tête.
« Beau sens de l'observation. » Lui accordais-je sans hausser de trop le volume de ma voix, juste avant qu'elle ne se retourne, changeant ainsi d'interlocuteur.
« Toi, sûrement pas défenseur, encore moins gardien ... »

Ça s'était certain, vu la manière dont il avait reçu mon tir en plein visage. Il faut dire que, même si il semblait plus âgé que moi – Un lycéen, sans doute ! - il était assez loin de pouvoir être qualifié d'impressionnant, avec son précieux miroir. Et il ne se défendait même pas ! Pourtant il avait bien l'air un peu contrarié. Un drôle de numéro qui, d'après mes premières impressions, faisait un peu tâche sur ce décor de terrain de football. Mais peut être me trompais-je, après tout ?

« Excusez-moi, je ne vous espionnais pas. » Avait-il dis lorsqu'il prit pour la première fois la parole, en dehors de la plainte qu'il avait laissé s’échapper lorsque le ballon avait heurté son visage. « J'attendais juste la place, pour m'entraîner, je ne voulais pas vous déranger. »

Il était sérieux, là ? Comme à mon habitude, ses excuses m'agacèrent. Un peu, au moins ; C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas m'empêcher de prendre trop de politesse pour une sorte de moquerie. Mais, comme je me connaissais bien, je garda ce reproche pour moi.

« C'est vraiment mon jour de chance ... » Soupirais-je, sarcastique. Cependant, comme lorsque j'avais vu apparaître la grande fille, j'étais pris d'une inquiétude – Si on peu appeler ça comme cela – toute particulière ; « Et tu venais t'entraîner tout seul ? »

La fille avait toujours le ballon au pied. Le ballon abandonné que j'avais trouvé dans les filets du but. Et si il était venu le chercher ? Après tout, pour quelqu'un qui prétendait vouloir s'entraîner, je ne lui avait pas encore trouvé de ballon de football au bras. Une chose était sûr, en tout cas ; Des deux potentiels adversaires là présents, je m'étais déjà fait une idée bien fixe de celui qui méritait plus d'intérêt. Et contre tout attente, la concernée fut plus jeune que le dernier arrivé et de sexe opposé. Pas très flatteur pour l'autre, mais après tout, il ne tenait qu'à lui de me prouver sa valeur, si son amour propre se sentait offensé de mon regard blasé.

« C'est marrant. » Ajoutais-je tout de même, sur ma lancée, puisque taper dans le ballon rond m'avait rendu d'humeur plus bavarde ... Bon, d'un autre côté, ce n'étais pas vraiment comme si j'attendais qu'il me raconte sa vie en réponse. « Tu n'as pas vraiment la tête du gars qui sèche les cours pour venir s'entraîner au foot'. »

... Ah bah eux, par contre, ils l'avaient tous, la tête du sécheur. Du moins, ils l'auraient eu s'ils avaient fréquenté un établissement scolaire, car je n'étais pas certain de savoir d'où ils sortaient. Je pus imaginer que, parmi eux, certains devaient avoir l'âge d'être de nouveaux universitaires ou au moins étudiant en dernière année de lycée, mais je ne voyais aucun sérieux dans les airs qu'ils se donnaient et, connaissant la réputation élitiste de l'enseignement japonais, je préjugea que leurs têtes ne collaient pas à l'emploie. La joueuse de football qui ne les avait remarqués qu'un cours instant après moi - ce qui était normal comme elle avait été occupée sur son portable - s'était aussitôt masquée de sa capuche qui cachait tous les traits susceptibles de casser son apparence androgyne. Un écho s'était automatiquement déclenché dans ma tête, se moquant de ce réflexe sans savoir qu'elle ne se cachait pas le moins de monde par crainte. Non pas que je l'eus un instant pensé peureuse de nature, mais elle n'en était pas moins une fille et les nouveaux arrivants nous dominaient en âge et accessoirement en nombre. Il y avait de quoi ne pas se sentir rassuré, même si mon orgueil ne me laisserait pas m'en-aller docilement sous ce seul prétexte. Après tout, comme je me le répétais souvent lorsque j'avais besoin de m'encourager, j'avais de bonnes capacités de défense pour mon âge et ma taille modérée.

Bref, ils - ou plutôt le plus bavard d'entre eux - nous avaient demandé d'aller voir ailleurs s'ils y étaient avec, disons, tout le raffinement dont des caricatures comme eux étaient capables. Ce qui sonnait plus comme un ordre m'avait fait me poser la question suivante sans l'énoncer à voix haute ; « Pourquoi des types comme ça venaient-ils squatter un terrain de football, bon sang ? », il ne devait pourtant pas manquer d'autres repères dans cette ville, rien qu'en faisant le trajet de chez moi jusqu'à cette découverte agréable, j'avais dû en noter l'un ou l'autre. C'était ... C'était la malchance, il n'y avait pas d'autre explication ! Manque de bol justement, moi, je n'y croyais pas plus que ça car je m'étais toujours voulu l'opposé d'un fataliste et cela me mettait d'autant plus de mauvais poil.

« Mais bien-sûre. » Avais-je grogné en toute ironie, sans aucune intention d'obéir bien que plus intimidé que jamais je ne l'aurais avoué. Aucun tremblotement n'émana de moi, pourtant, car j'étais plus borné que jeune ; « On va se tirer gentiment de là. Et puis quoi encore ? »

Bien que ce mécontentement ouvertement adressé à la bande des mecs louches, j'espérais que la fille aux cheveux claires prenne le même avis que moi et je tenta de la juger du regard ... En fin, pas trop, quand même, il n'aurait pas fallu que je semble baisser les yeux. Difficile de dire ce qu'elle en pensait, toujours cachée sous l'ombre de ses vêtements, mais plus attirant encore à mon regard que ses émotions que je n'aurais quand même pas réussit à décrypter si sa face glacée avait été éclairé de soleil, il y avait à ses pieds le ballon qu'elle détenait toujours. Dans ma tête, je me fis un petit film de l'objet rebondissant sur le visage du chef de meute, mais cette joie demeura fiction car tant qu'ils étaient encore à distance, je ne me serais attirés que des ennuis gratuits. A la place, et comme si je me tenais près, je repris du pied le ballon blanc et noir. Déterminé à faire preuve de sang froid, j'entrepris de me mettre en bonne condition pour les ignorer jusqu'à plus choix, bien que qu'au fond je dû savoir que ce n'était pas faire semblant de rien qui allait faire fuir ce genre de personnages comme jusque là je n'avais pas imaginé qu'il y aurait à Hokkaido ; Bien vu de ma part puisqu'ils semblaient plus moqueurs que contrariés devant ma pseudo rébellion. Je suppose que je devais avoir des airs de roquet arrogant à leurs yeux et comme ce soupçon me pesait sur la fierté et qu'ils seraient à notre hauteur sous peu, je laissa partir un tir aussi rapide que précis, mais surtout terriblement stupide. Cette fois, ce ne fut pas comme dans mes courtes rêveries et toute tête fut épargnée, par contre une bouteille de bière tenue à la main de l'un des garçons éclata, à moitié pleine et blessa inévitablement la main de son propriétaire. Le liquide et le verre s'étalèrent sur le sol mais le ballon revint vers moi en passant pas un angle calculé. La guerre était déclarée et j'en avais presque oublié l'autre lycéen, qui m'avait pourtant étonné de ne pas être partis sur-le-champs, comme il semblait timide.

C'était tout de même une journée d'adaptation fascinante.

Comme l'insolent aurait pu s'en douter – d'où, sans doute, son amusement – cela ne me fit pas rire du tout et je le pris même très mal. Besoin de mon grand-frère, et puis quoi encore ? Non seulement il était bigleux, mais en plus, cela me heurtait d'avantage que j'étais d'habitude très fier de me autonomie. Je me disais que, si il savait, cet idiot de prétentieux, ...

La fille, sous sa capuche, se retourna vers moi et je cru comprendre en croisant son regard qu'elle était satisfaite qu'on la prenne pour quelqu'un du sexe opposé. J'imaginai qu'elle ai pu même le vouloir. Pourquoi ? Allez comprendre. C'était une originale, me dis-je, et je ne croyais pas si bien penser jusqu'aux secondes qui suivirent ; Je la vis comme imiter mon geste, mais en choisissant pour cible, non pas un objet inanimé, mais tout bonnement la tête de l'un de ces types qu'elle ne rata pas. Jusque là, je me contentais de regarder ses gestes en me disant avec toute la mauvaise foie du monde que je n'aurais eu aucune hésitation à faire pareil si je n'étais pas foncièrement plus sage. D'une part, je lui en voulait de m'avoir volé ce coup et d'avoir souligné les moqueries du leader, de l'autre, j'étais amusé pour la scène et crevait plus que d'une seule envie, voir leurs mines déconfites lorsqu'ils découvriraient le genre de leur adversaire. Mais cette dernière ne s'en contenta pas et accéléra la cadence à la façon d'un film d'action. Saisissant chaque opportunité par une prise habile, elle eu vite fait - trop vite fait - de les refroidir. Je ne comprenais pas très bien ce qu'il venait de se passer ; Depuis quand les filles savaient se battre de la sorte ? Déjà outré d'avoir été sous estimé par se pseudo délinquant et son équipe de bras cassés – et regrettant alors vraiment amèrement d'avoir dévié ma trajectoire à la dernière seconde – je ne m'en relevais pas mieux qu'une fille se soit à ce point mieux défendue que moi, qu'elle soit ou non de plus grande carrure. Dans ma rancœur, je me suis demandé ce que cela ferais si l'on tirait avec l'intention d'utiliser l'une de ces supers techniques appropriée au football en tapant dans de la chair et l'estomac qu'elle protège plutôt que dans un ballon inanimé. Intérioriser, il fallait que j'intériorise. Cela ne servirait à rien de lancer quelques menaces ridicules ou autres agressions inutiles. Mais qu'étaient-ils venu chercher, déjà ? De la place plus qu'il ne leur en fallait sur un terrain inapproprié à leurs quelconques hobbies de fainéant ?

Et encore, ça s'était une chose, mais alors que je croyais avoir tout vu, le seul semblant munit d'une langue, ce même qui m'avait vexé, s'était présenté à elle d'une nouvelle manière. Vu qu'il avait souligné sa proposition d'un « D'accord, mec ? », j'avais d'abord cru qu'il avait utilisé l'ironie pour faire savoir qu'il avait compris qu'il n'avait justement pas affaire à un garçon. Ni une, ni deux, il se retrouva au sol, d'où la fille que j'apparentais désormais plus à un ninja qu'à une collégienne ou lycéenne, pu le menacer, lui et tout autres personnes malintentionnées présentes à ses alentours. Donc, à raison, je ne me sentis pas visé une seule seconde, puisque tout ce que j'avais demandé était de pouvoir taper dans un ballon. D'ailleurs, en parlant de ballon, où est-ce qu'il avait encore roulé ? Ohw. Juste là, un peu plus loin. Je fis quelques pas, me détachant de la scène à la quelle je venais d'assister en me contentant d'éviter les attaques.

« Parce qu'elle doit se faire pardonner, mec ? » Dis-je en passant à celui qu'elle venait de mettre à terre, d'un ton neutre qui hésitait entre l'envie de faire profile bas - puisque je n'avais pas fait grand chose - et la joie de pouvoir me moquer à mon tour.

Les autres hésitaient, attendant probablement que leur tête-à-penser - si le mot n'était pas trop fort - prenne de nouveau les initiatives. Je pus récupérer discrètement l'objet convoité sans trop de problème et le ramener de mes bras à la hauteur de ma taille. Je soupira, l'air blasé.

Puis, l'un des types s'avança vers moi sans aucune subtilité, mais pas vraiment en se précipitant non plus. Sans doute ne supportait-il pas que je m'en tire sans baisser les yeux. C'était dans leur nature de protester jusqu'à ce que marche leur intimidation ou jusqu'à ce que se perde tout espoir. Sauf que, moi, ce moment, je l'avais attendu avec impatiente, alors réellement menaçant ou pas, je laissa tombé le ballon sur le sol. Il était temps de répondre à la question que je m'étais posée, je ne me refuserais pas ce caprice cette fois-ci.

« Divine Messenger ! »

L'annonce de ma super-technique personnelle ne fit pas écho sur le balle négligée et ne rebondissant déjà plus. Non, mais l'on vit bel et bien comme l'ombre d'un corbeau s'élever de mon pied, il n'eu seulement pas le temps de déployer ses ailes qu'on entendit un craquement glauque. Dommage pour ce mec là qu'il soit tombé sur un attaquant plutôt qu'un défenseur. Toujours pris dans mon mouvement, je souris et enfonça d'avantage mon pied dans la chaire et les côtes, à travers les vêtements miteux de l'agresseur et son corps donna l'impression de voler sur plusieurs mètres dans une aura étrange. Je ne doutais pas que cela puisse faire mal car, après tout, la puissance de frappe brute, c'était ma spécialité. De nouveau, je m'abaissa pour récupérer le ballon et m'éloigna, pouvant finalement mimer l'indifférence dans une certaine fierté. Toujours un peu sur ma garde malgré les apparences, c'était certain, et désireux de voir que chacun d'entre ces inconnus, la fille y comprit, assimilait que je n'avais pas toujours besoin qu'on me défende, même si ma prouesse était bien loin d'égaler celle précédemment exécutée par mon alliée.

Sophie ? Ça ne sonnait pas très japonais. D'un autre côté, sa tête n'était pas typiquement du pays non plus. Et puis, qu'importe ! Il n'avait pas, que je sache, été décidé qu'il fallait être japonais pour avoir du talent ? Même moi je ne l'était pas entièrement, à ce qu'il paraissait. Mais tout de même, pour une fille, quelle footballeuse impressionnante ! Elle ne savait pas que se défendre, sa technique m'avait filé des frissons.

« Tsss. » Sifflais-je avec un sourire en coin encore plus distinct, alors qu'elle s'était déjà bien éloignée et ne pouvait plus m'entendre.

J'étais satisfais du spectacle mais je n'avais, moi, pas répondu lorsqu'elle s'était présentée. Quelque chose me disait qu'on serait amenés à se revoir et là, si elle voulait l'entendre, elle l'aurait elle aussi, mon prénom. J'avais glissé mes mains dans mes poches et à peine pliés les coudes. Tout autour de moi, c'était redevenu calme. Les intrus s'étaient barrés en courants, comme si ils avaient eu en fasse d'eux l'incarnation de leurs hantises, n'étais-ce pas là - de nouveau - ce que j'avais cherché ? Un terrain libre ! Sans plus une seule pensée pour ce contre temps, je repris mon entraînement avec plus de force que précédemment. Cette fois, j'avais une motivation de plus pour faire de mon mieux durant un bout de temps avant de reprendre mon chemin pour arriver à ma nouvelle demeure à l'heure du repas que j'avais grande chance de passer en solitaire.